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Le Meilleur des Lille.com !

Le jeudi 18 janvier 2001.

Tout va bien ! De quoi pourrait-on se plaindre à Lille aujourd’hui ? La sinistrose, c’est mauvais pour le commerce. Car Lille est à vendre. Les hebdomadaires nationaux sortent régulièrement des « unes » locales qui nous le disent : Achetez ! Vendez ! Investissez dans la capitale des Flandres ! Peu importe que toute cette spéculation immobilière vide la ville de ses habitants les plus pauvres et défigure ses quartiers populaires.
Toutes et tous, nous sommes invité-e-s à consommer joyeusement dans le parc d’attraction commercial qu’a fait construire la municipalité : Euralille et ses dépendances, le Vieux-Lille et le centre-ville. Mais ne nous avisons surtout pas de faire autre chose, car il pourrait nous en cuire. Distribuer des tracts ? Interdit par arrêté municipal dans la plus grande partie de la ville ! Coller des affiches revendicatives ? Seulement dans des panneaux d’affichage « libres » recouverts en permanence de publicité commerciale ! Manifester : sur autorisation expresse. Squatter les innombrables immeubles naufragés de la spéculation immobilière ? Sûrement pas !

La misère et les flics, c’est pour les quartiers périphériques

Lille a maintenant l’ambition d’attirer les touristes. Et il ne faudrait surtout pas leur gâcher le séjour en leur laissant voir ce qui existe partout dans le monde et aussi à Lille : la misère. Pour y remédier, la municipalité a décidé à l’automne de l’expulser de « l’hypercentre » (voir l’article « Non à l’arrêté anti-SDF »).
La misère, c’est aussi pour les « Lever » d’Haubourdin dont on vend l’usine. La misère et les flics, c’est pour les quartiers périphériques. Souvenons-nous de Ryad, abattu d’un balle policière dans la nuque. Souvenons-nous de cette sans-papier morte asphyxiée à Moulins parce qu’on lui avait coupé l’électricité durant l’hiver 1998.

La paix sociale entre la carotte et le bâton, surtout le bâton
La misère et le mépris des notables, c’est pour celles et ceux qui ne profiteront pas du tiroir-caisse. Comme Lucienne, cette habitante de Fives âgée de 79 ans, qui refuse de quitter le logement dont on veut l’expulser pour l’extension du quartier Euralille.

Il paraît que Lille est un modèle de démocratie locale et participative : conseils de quartiers, conseil communal de concertation, forum des associations… Nous y voyons, quant à nous, un remarquable système clientéliste, où chaque participant à cette mascarade acquière une petite once de respectabilité,de « pouvoir » et un semblant de reconnaissance… tant qu’il fait allégeance à la municipalité. Rien de tel pour obtenir la paix. Rien de tel également que de faire appel aux religieux (ce fut le cas avec les musulmans lors du meurtre de Ryad) pour obtenir la paix dans les quartiers pauvres.

Et si tout cela ne suffit pas, rien de tel que la répression. Il n’est pas difficile de constater l’accroissement de la présence policière à Lille. Combien de fois les matraques sont-elles sorties depuis l’an dernier pour faire taire les cris de colère ? Contre les habitant-e-s de Lille-Sud après le meurtre de Ryad. Contre les squatteurs en mai. Contre les sans-papiers en juin et juillet. Contre les habitués du Relax, caf-conc’ populaire de Wazemmes en septembre. Contre les « Lever » à l’automne lors la venue de Jospin…
Depuis un an, on a dénombré 7 inculpations pour délit de manifestation sur Lille, parmi les militant-e-s qui soutiennent les sans papiers, les chômeurs, les squatteurs. Les intimidations policières sont quasi-quotidiennes à l’encontre du mouvement des sans-papiers. Et ce n’est sans doute qu’un début.

Ne votons pas, luttons !

Au printemps, on nous demande maintenant de voter pour choisir qui sera le prochain maître de la ville. Allez-vous choisir « Martine Aubry.Lille » (.com aurait sans doute été plus juste…), qui est quasi sûre d’être élue depuis l’unification avec Lomme ? Il est vrai qu’on lui doit les emplois-jeunes (4 emplois-jeunes virés de la mairie au printemps pour avoir osé protester contre leur condition de travail, ça fait mauvais genre…) ou le McDo de la porte du faubourg d’Arras (plan de développement de la zone franche…).

Allez-vous choisir le niveau zéro de la propagande électorale en votant pour Christian Decoq (votez pour ma paquerette contre la rose socialiste, bande de veaux !) ?

Choisirez-vous le PC, aussi englué dans la majorité municipale que les ministres communistes dans le gouvernement ? Ou les Verts, dont on se dit que la « différence » se met de plus en plus à ressembler aux autres partis ? Ou bien choisirez-vous les nostalgiques de la dictature (du prolétariat bien sûr) en votant LO ou LCR ? Sans imaginer bien sûr que vous vous dépouilleriez de votre voix au profit de l’extrême droite FN ou de la droite extrême RPF…
Non ! Vous n’irez pas voter et vous aurez raison ! Hors de question de donner une quelconque légitimité à tous ces guignols en leur abandonnant des voix.

Ce que nous vous proposons, c’est de lutter ! Lutter contre ceux qui décident à votre place ! Contre ceux qui profitent de la misère ! Soutenir les chômeurs qui se rebellent, les sans papiers qui manifestent ! Lutter solidairement !

Ce que nous vous proposons, c’est d’agir ! Agir en toute indépendance. Briser ce clientélisme asphyxiant par l’exubérance d’actions qui ne doivent rien à personne. Fêter… Occuper… Autogérer… Se réapproprier les rues, les maisons et les jardins pour se retrouver ensemble. Et décider de ce que devra être la ville demain.

Groupe de la Métropole lilloise de la Fédération anarchiste