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Ils font danser l’anse du panier !

janvier 2019.

L’expression « faire danser l’anse du panier> » veut dire « faire des bénéfices sur le dos des autres ». Elle colle admirablement bien aux chefs d’entreprises du CAC 40 et à leurs actionnaires. Le magazine Challenge vient de publier pour 2018, le classement des 10 premières fortunes professionnelles. Fortunes réalisées grâce à l’exploitation forcenée des travailleurs et des travailleuses. Voici le montant de la fortune des 10 familles les plus riches de France, une véritable insulte aux créateurs des richesses, les ouvriers et les ouvrières :



  • • Bernard Arnault et sa famille (LVMH, produits de luxe), c’est 73,2 milliards d’euros !
  • • La famille Wertheimer (Chanel, produits de luxe), c’est 40 milliards d’euros !
  • • Françoise Bettencourt-Meyers et sa famille (l’Oréal, Nestlé), c’est 39,8 milliards d’euros !
  • • Alex Dumas et sa famille (Hermès), c’est 39,6 milliards d’euros !
  • • Gérard Mulliez et sa famille (groupe Auchan, distribution), c’est 38 milliards d’euros !
  • • François Pinault et sa famille (Kerling), c’est 23 milliards d’euros !
  • • Famille Dassault (aviation), c’est 23,8 milliards d’euros !
  • • Pierre Castel et sa famille (boissons), c’est 12,5 milliards d’euros !
  • • Emmanuel Besnier et sa famille (agroalimentaire), c’est 12 milliards d’euros !
  • • François Perrodo et sa famille (énergie), c’est 8,5 milliards d’euros !

Il s’il on observe le groupe dans son ensemble :

  • • 650 milliards d’euros ; c’est le montant cumulé, en 2018, des 500 plus grandes fortunes françaises ! Il était de 81 milliards en 1996…
  • • En dix ans – depuis 2008 – la fortune des 10 premiers nantis du classement a quadruplé
  • • Celles des 490 suivants a « seulement » doublé…

La France est championne des distributions de dividendes

Les entreprises du CAC 40 ont versé aux actionnaires la modique somme de 46,8 milliards d’euros de dividendes en 2018. Un rapport sur le partage de la richesse au sein des entreprise du CAC 40 publié par Oxfam France (ONG de lutte contre la pauvreté) et le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne) montre de quelle manière les patrons volent les salariés(es) en ne leur payant pas la marchandise toute particulière, sans laquelle il n’y aurait pas de profit ni de plus-value : leur force de travail manuelle et intellectuelle. Ils s’approprient illégalement les richesses que créent ces derniers(es) avec la complicité des politicards. Depuis 2009, les entreprises du CAC 40 ont reversé plus des deux tiers de leurs bénéfices à leurs actionnaires sous forme de dividendes, 67,4 % exactement. Nous sommes loin de ce que préconisait Sarkozy, ce révolutionnaire méconnu ! Au début de son mandat présidentiel, je le revois à la télévision déclarer et expliquer : « Sur 100 euros de bénéfices, 33 % doivent revenir aux salariés(es), 33 % aux actionnaires et 33 % réinvestis dans l’entreprise.  » La réalité est tout autre, 27,3 % des bénéfices sont injectés dans les réinvestissements et seulement 5,3 % sont repartis vers les salariés(es). Le reste va aux actionnaires et aux PDG. Ces chiffres sont éloquents et parlent d’eux-mêmes.

Face aux inégalités croissantes, la lutte des classes est une exigence

Les inégalités entre ceux qui créent les richesses, qui triment et ceux qui les pillent et qui exploitent sans vergogne sont de plus en plus criantes et insupportables. C’est pourquoi la lutte de la classe exploitée contre la classe exploiteuse est d’une grande actualité. Car, ne pas lutter, c’est accepter son sort et se résigner… La classe exploiteuse, elle, ne reste pas les deux pieds dans le même sabot. Warren Buffett, un des hommes les plus riches du monde, disait sur CNN en 2005 : « Il y a une guerre de classe, c’est un fait. C’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et qui est en train de la gagner. » En 2016, les PDG du CAC 40 gagnaient 119 fois plus que la moyenne de leurs salariés(es), alors que l’écart était de 97 en 2009. Il est important de dénoncer toutes ces injustices et toutes ces tromperies. D’autant que si les patrons se complaisent par provocation, par humiliation, à publier les somptueux profits, ils sont d’une discrétion de violette en ce qui concerne la redistribution des richesses.

Oxfam et le Basic dénoncent les stratégies d’évitement de l’impôt des entreprises du CAC 40 qui leur permettent ainsi de maximiser leurs bénéfices par une présence accrue dans les paradis fiscaux (1454 filiales ont été déclarées en 2016) et par l’explosion des crédits d’impôts qui ont quasiment doublé en dix ans et qui atteignaient plus de 26 milliards d’euros en 2016. Et ce, avec toujours la complicité des pouvoirs politiques de tous bords. C’est toujours le peuple d’en bas qui fait les frais de la richesse des nantis et ça se solde en France par plus de 8 millions de pauvres.

Sur le plan mondial, le montant des dividendes distribués a progressé de 7,7 % en 2017 par rapport à 2016, pour atteindre un record de 1250 milliards de dollars. Les prévisions pour 2018 s’annoncent d’un excellent cru puisqu’elles sont de 1350 milliards de dollars.

Quand la misère côtoie la richesse insolente

« En même temps » en 2015 : trois milliards de pauvres dans le monde survivaient avec moins de 1,90 euros par jour et par personne ; plus de 10 % de la population de la planète vit sous le seuil de pauvreté pendant que le 1% des plus riches possède plus que le reste de la planète.

Quand les riches font danser l’anse du panier, les pauvres font la danse du ventre
Les dix pays au monde dont les sous-sols et les sols regorgent de richesses naturelles extraordinaires, sont victimes d’une razzia de la part des multinationales et des milliardaires qui sont à leur tête. Ils sont aidés en cela par les potentats locaux, leurs complices qui, en passant, n’oublient surtout pas de s’enrichir. Pendant ce temps là, les populations sont dans une misère crasse.

Pillages des richesses et pauvreté extrême des populations

Les richesses de ces pays sont inexorablement pillées et ces prédateurs laissent la grande majorité des populations dans la misère le plus totale. Elles sont réduites à vivre avec, entre 1,25 et 1,90 dollar par jour, la pauvreté extrême ! Et là, on ne peut même plus parler du seuil de pauvreté. Comme si il peut y avoir un seuil à la pauvreté…

C’est ainsi que les dix pays ci-dessous sont classés par les organismes officiels comme les dix pays au monde les plus pauvres. Un rectificatif est nécessaire, dans la mesure où, ce ne sont pas les pays, mais les habitants(es) qui sont pauvres : entre 60 et 80 % des habitants(es) de ces pays vivent dans le dénuement le plus total, dans une extrême pauvreté :

  • • 70 % de la population de la République dite « démocratique » du Congo tentent de survivre sous le seuil de pauvreté., alors que les ressources minérales du pays figurent parmi les plus rares (diamants, or, cobalt, manganèse…)
  • • 70 % de la population du Liberia vivent dans la plus totale pauvreté, alors que le pays est un des principaux exportateur de caoutchouc et de bois…
  • • 65 % des Gambiens(es) sont exclus de la richesse du pays, alors que le sous-sol est riche en phosphate, bauxite, et pétrole…
  • • 79 % de la population du Mozambique sont privés des retombées financières que procurent les richesses du pays (charbon à haute teneur en coke et gaz…)
  • • 60 % des habitants(es) du Niger sont déclarés pauvres, alors que leur pays est un puits d’uranium.
  • • 75 % des Malgaches (Madagascar est une ancienne colonie française), vivent avec 1,9 dollar par mois, par personne, dans ce pays qui regorge de richesses (vanille, titane, nickel, pétrole…).
  • • 60 % des Centrafricains(es) sont privés des richesses du sous-sol et du sol (diamants, café…)
  • • 70 % de la population du Burundi vivent sous le seuil de pauvreté, alors que des gisements très rares comme le scandium, le césium, l’yttrium, le samarium… y sont exploités.
  • • 70 % de la population de la Malawi sont privés des retombées financières des ressources du sol (tabac, coton, thé, sucre) et du sous-sol (bauxite, amiante, graphite, uranium et pierres précieuses…).
  • • 83 % des Soudanais(ses) du Sud survivent avec tout juste 1,25 dollar par jour et par personne, alors que ce pays regorge de pétrole et d’or.

C’est bien la démonstration que l’avenir des peuples doit se faire en dehors des États-nations et des multinationales. Les peuples et l’avenir de la planète sont confrontés à la rapacité des multinationales qui pillent les richesses, qui exploitent les travailleurs.ses et saccagent l’environnement. Elles sont épaulées par les responsables des États qui organisent, fomentent des guerres, des tensions entre les peuples pour justifier et soutenir le pillage des richesses. Pour cela, ils vont jusqu’à détruire des villes entières et massacrer les populations. Ainsi, ils font fuir les populations et ils peuvent s’installer durablement dans les pays, protégées par les armées d’occupation pour voler en toute sérénité…

Il y a donc urgence à rompre avec le système capitaliste qui domine le monde et qui, si on n’y met pas le holà, va le détruire.

C’est pourquoi les libertaires font appel à toutes et tous les progressistes, les personnes les plus conscientes et à toutes celles et tous ceux qui voudront bien les rejoindre pour réfléchir et inventer une autre forme d’organisation collective afin d’agir au nom du bien commun, sans discrimination de nationalité, de sexe, ou de classe, et mettre en place un monde internationaliste, égalitaire, autogestionnaire et fédéraliste

Justhom (groupe de Rouen)


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