Accueil > Archives > 1991 (nº 809 à 851) > .851 (26 déc. 1991-1er janv. 1992) > [Une Vie exemplaire]

Julien Toublet

Une Vie exemplaire

Le jeudi 26 décembre 1991.

Julien Toublet, dit Jean Thersant, nous a quittés ce printemps : il faisait partie de cette génération de travailleurs, née au début du siècle et qu’on pourrait nommer les « révolutionnaires ».

Né en 1906, à Évry-sur-Seine, il travaille comme ouvrier du bijou. Syndicaliste dans la fédération des métaux de la CGTU, il est formé par un voisin anarchiste.

Dès 1920, il rencontre ceux qui savent ce qui se passe en Russie et « ce n’est pas le socialisme ! » Persuadé de la nécessité d’une organisation syndicaliste révolutionnaire internationale, il se retrouve dans les thèses de la CNT espagnole et adhère à l’AIT. Secrétaire de la CGT-SR, il soutient la guerre d’Espagne. Membre, avec Pierre Besnard et d’autres du bureau de l’AIT, il organise le soutien aux réfugiés et emprisonnés.

Il participe à la résistance libertaire avec Louis Giraud, Gilberte de Puytorac, Henri Bouyé et bien d’autres. À la fin de la guerre, membre de la tendance « Fédération syndicale » de la CGT, regroupant les mlitants syndicalistes-révolutionnaires, il participe à la constitution d’une nouvelle confédération qui se veut la continuation de la CGT-SR et qui prend le nom de CNT, en référence à la CNT espagnole. Il y a milite jusqu’en 1953, date à laquelle il prend quelque distance avec la militantisme intensif. Cet éloignement est principalement lié aux débats qui ont traversé la confédération à cette époque : participation aux élections de comités d’entreprises, représentativité syndicale, reconnaissance par l’État et une partie du patronat, place des anarchistes, des anarcho-syndicalistes, des syndicalistes révolutionnaires sur l’échiquier syndical français (CGT, FO, FEN et CNT), débats qui traversent encore aujourd’hui le mouvement international !

Il a donc été ce militant actif, assumant des responsabilités nationales et internationales, pour faire tout ce qui lui paraissait utile à le vie des idées syndicalistes révolutionnaires et libertaires.

Sa vie aura été magnifique et exaltante, suite de rencontres avec des militantes et des militants courageux, solidaires et combatifs, à la poursuite d’un idéal. Cet idéal, aujourd’hui encore, nécessite qu’on se batte pour lui : pour nous-même et pour les générations à venir, en souvenir de toi, Julien, mais aussi de tes compagnons de lutte : Bouclette (Georges Yvernel), Ganin, Mémé Capelle et tant d’autres… Nous ne nous arrêterons pas aux difficultés ni aux défaites ponctuelles et ne nous découragerons pas, répondant ainsi aux vœux de celui que tu reconnaissais comme ton maître à penser, Pierre Besnard.

E.-Th. Claude