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« À sec ! : Spinoza encule Hegel, le retour » Jean-Bernard Pouy

Le jeudi 24 septembre 1998.

À sec ! est présenté comme la suite de Spinoza encule Hegel. Si l’on ajoute que c’est un livre sur le foot, tout est dit. Quoique… C’est aussi une grande aventure poétique qui malmène Maine de Biran et convoque Hegel et l’Internet.



Plusieurs années ont passé depuis l’affrontement apocalyptique entre la fraction armée spinoziste et les Jeunes hégeliens [voir à ce sujet le premier épisode, intitulé fort à propos Spinoza encule Hegel (qui l’eût cru ?)], qui s’est soldé par leur extermination réciproque. Spinoza, seul survivant,coule une retraite heureuse aux fins fonds de l’Inde. Mais voilà que les rejetons de l’affreux Hegel entrent en scène… Notre héros, chaussé de ses inévitables bottes de lézard mauve, et juché sur son motoguzzi vert, fait donc un come-back foudroyant, histoire de prouver à nouveau la supériorité de l’éthique sur l’esthétisme. À grands renfort de mitrailleuse lourde.

Durant l’intervalle, l’Europe a quelque peu changé : le foot est devenu l’unique ciment d’une société en cours de reconstruction, les kops de supporters ont remplacé les groupuscules gauchistes, et ceux-ci ne se jettent plus leur défi sur les ondes de radio cinquième internationale, mais sur Internet. Mais la violence, elle, est toujours là.

C’est donc bien une suite au sens hollywoodien du terme : l’intrigue est la même, seul le décor change. On avait du Mad Max à la sauce post-68, on passe à Mad Max sauce coupe du Monde 98. On y perd en mythomanie gauchiste, mais voir les adeptes de la baballe s’en prendre plein la tronche en ces temps d’occupation n’est pas franchement déplaisant. Et J-B Pouy est toujours aussi percutant.

Guillaume


Éditions Baleine, 120 pages, 39 FF.