Au départ, des éducateurs spécialisés qui totalisent plus de dix ans de pratiques professionnelles dans le champ social, travaillant sur tout ce qui touche la marginalité organise une séance de restitution de leur expérience : c’était en 1992. Des parents d’élèves, des enseignants, des enfants, des femmes, des jeunes, des militants de mouvements associatifs sont conviés à la rencontre. Prévue un après-midi entre 15 heures et 17 heures, la séance se prolonge jusqu’à 20 heures.
Les débuts
Les questions de fonds sont soulevées par les différents intervenants. Parmi celles-ci, on peut noter l’échec scolaire, le fossé qui existe entre l’école et son milieu d’implantation, l’inadéquation formation/emploi, la valorisation des connaissances et des savoirs locaux, la valorisation des apprentissages populaires, ressources pour l’éducation alternative, l’exclusion des parents et le projet pédagogique, les enfants et le projet pédagogique, les besoins du milieu et le contenu des enseignements.
Fort de ces questions, de ces questionnements et des tentatives de réponses, un programme d’animation/formation pendant les vacances 1993 a été établi. Chants, danses, jeux, excursions, découvertes, formation des enfants aux techniques manuelles, ateliers de contes et légendes furent organisés.
À deux mois d’activités ponctuées par des évaluations sectorielles sous forme de coins de groupes, une formation est organisée regroupant les parents, les enfants et les animateurs ; ainsi furent posés les jalons du partage du pouvoir pédagogique.
Rôle et attribution d’AUPEJ
Lorsqu’il a fallu mettre en pratique ou traduire en programme d’activités les idées dégagées au cours de la séance de restitution, le groupe avait retenu comme principe de « Partir des actions car c’est en avançant que se fait, le chemin ». C’est d’ailleurs ce qui explique le nom de l’association « Actions Utiles pour l’enfance et la Jeunesse ».
L’évaluation en tant que moment de réflexion sur les résultats et d’analyse des résultats avec tous les acteurs nous met dans une situation de recherche permanente et permet une valorisation de tous les acteurs.
L’association a été constituée pour faire le lien entre les différents acteurs, définir un cadre de réflexion et dégager des perspectives lointaines à travers une plate-forme politique et méthodologique avec des objectifs partagés par tous les acteurs.
L’association est un espace de rencontres et d’échanges d’expériences, un espace qui impulse les solidarités dans l’action dans la réflexion.
AUPEJ facilite le partage du pouvoir pédagogique entre parents- animateurs-élèves. Elle accompagne le processus de construction collective du projet pédagogique. Elle travaille à faire prévaloir la centralité populaire et la reconstruction et la valorisation de tous les secteurs. AUPEJ n’est nullement centralisée. Elle ne marginalise pas les enseignants, les parents et les élèves. Elle ne les confine pas dans la périphérie.
Axes stratégiques
Le processus de mise en place des structures d’AUPEJ a été porté par les enfants, les parents et tous ceux qui, a un certain moment donné se sont impliqués dans les diverses activités. Le processus s’est constamment enrichi de l’apport de chacun et de tous. Les gens se sont investis selon leurs sensibilités et leur niveau de compréhension. Là où nous étions tous d’accord et ce qui a constitué des repères forts, c’est que nul n’est indispensable.
À chacun selon ses compétences, ce qu’il peut offrir. Partage et solidarité dans la réflexion et dans l’action. Les décisions se prennent au niveau du grand groupe composé des parents, des enfants et des animateurs. La gestion obéit au même mode. Aucune discussion de couloir ne peut être une instance de résolution d’un quelconque problème de AUPEJ. L’autonomie et la solidarité nous guident dans nos pratiques. AUPEJ bénéficie d’une riche expérience acquise à travers l’implication de ses composantes dans le mouvement associatif : associations sportives et culturelles, associations de parents d’élèves, mouvement syndical. Ils ont tous pratiqué l’autonomie et ont acquis une capacité de débrouillardise et d’innovation qu’ils viennent de systématiser et de valoriser.
Le forum est un temps fort et participe à la libération de la parole chez les enfants. C’est la classe d’apprentissage de la prise de la parole, de l’écoute, de l’acceptation de l’autre, d’échanges avec l’autre. Le forum permet de valoriser le pluriel. Il permet aux enfants de systématiser leurs points de vue, de les exprimer et de briser leur isolement.
L’équipe associative