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Italie

Liberté pour Patrizia Maria Grazia Cadeddu

Le jeudi 17 septembre 1998.

Le matin du 25 avril 1997, jour des élections municipales et date anniversaire de la libération, une bombe a explosé devant la mairie de Milan. Les revendications (signées Action révolutionnaire, contenant des appels à l’abstention et une cassette de chants anarchistes) avaient été laissées dans la boîte aux lettres du siège de Radio Popular. Une caméra de vidéo-surveillance avait alors filmé la silhouette qui les apportait. Sur cette vidéo, de très mauvaise qualité, Patrizia Maria Cadeddu aurait été reconnue par reconstitution informatique à 97,88 % au style de sa démarche — alors que la vidéo est séquencée —, à la position légèrement incurvée de ses mains et à la forme de ses lèvres ! Même les journalistes, qui l’ont pourtant traînée dans la boue, ont rapporté dans leur article l’inadmissibilité de cette preuve. Toutes les autres expertises (graphologiques et relatives aux empreintes digitales) ont, de plus, donné des résultats négatifs.

Arrêtée le 22 juin 1997, le jugement a été rendu le 8 juin dernier. Cette farce judiciaire, dont toute l’accusation repose sur ce film, a débouché sur une peine de cinq ans de prison ferme, sur une amende de deux millions de lires et 229 millions de lires réclamés par la mairie pour dommages moraux… une fenêtre arrachée. Elle est, par ailleurs, nouvellement accusée d’association de bande armée, la fameuse bande sortie tout droit des fantasmes du juge Marini.

Patrizia, qui a 47 ans, souffre d’anorexie, pèse aujourd’hui 35 kilos et développe une tumeur au sein gauche. Après un an de préventive passé à la prison San Vittore de Milan, elle pourrait obtenir une mise en résidence surveillée, mais ne le souhaite pas, clamant son innocence : soit la disculpation, soit la prison (la mort dans son cas).

Patrizia subit l’arbitraire tragique des milieux anarchistes jamais vu en Italie depuis le temps de la « Piazza Fontana ». Ses nombreuses activités au sein du Laboratorio anarchico, un immeuble autogéré qui proposait des animations culturelles, ne pouvait que clairement gêner le pouvoir en place et ses nouveaux engagements européens. Soumis à un vaste projet immobilier, ce lieu de vie a été détruit (pas le bâtiment) depuis son arrestation. Cette démarche s’inscrit clairement dans une volonté de destruction de la pensée alternative en vue de l’édification de l’Europe monétariste.

Pour que Patrizia Maria Cadeddu retrouve la liberté, et pour que cesse cette machination, nous vous invitons à réclamer sa libération et la révision de son procès auprès du ministre de la justice italienne.

Si vous souhaitez lui écrire et l’encourager, vous pouvez le faire (en italien ou en anglais) à l’adresse suivante :

Patrizia Maria Grazia Cadeddu
Piazza Filangieri, 2
20123 Mllano Italie

Si vous souhaitez avoir des informations supplémentaires :

Lia Cadeddu
Poste restante, Via Sasseti
20100 Milano
tél : 0039/491 47 97


Télégramme du 28 juin de Patty

Merci à tous ceux qui ont eu le courage de m’envoyer un télégramme. Je revendique plus de vingt années de militance dans le mouvement anarchiste. Je revendique toutes les luttes depuis la fin des années 70 jusqu’à nos jours ; luttes que j’ai soutenues avançant avec cohérence. Je revendique l’amour pour toutes, tous les compagnes et compagnons dans et hors des prisons. Toute la gauche milanaise voulait me voir enfermée en cellule, sûre du fait que personne ne pourra plus contester le jeu misérable qu’elle avance aujourd’hui. M’enfermer en prison était l’unique moyen pour éliminer le Laboratoire anarchiste, unique espace réellement antagoniste. Ne vous inquiétez pas, quand je sortirai, nous reprendrons tout. Je vous aime tous comme toujours. Je suis tranquille et sereine. Ceux qui m’accusent veulent éliminer mon histoire de l’anarchie, histoire qui n’a jamais voulu accepter de compromis avec le système.