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« Je faisais juste mon travail »

Le jeudi 24 avril 1997.

Ce qui est maintenant connu sous le nom de l’affaire « Gammage », à savoir l’acquittement du policier blanc accusé de l’homicide involontaire de Johnny Gammage, a provoqué une onde de chocs à travers la communauté noire de Pittsburgh et au niveau national.

Le policier John Vojtas nous servit un « je faisais juste mon travail » en guise de défense qui fonctionna assez bien devant le jury du comté de Lackawanna, entièrement blanc et importé.

L’acquittement de Vojtas garantit presque l’acquittement de plusieurs autres policiers de la banlieue de Pittsburgh qui vont être rejugés après un récent procès entaché de nullité.

Cette affaire est un écho de ce qui s’est déjà produit dans les villes avec une mortelle régularité d’une rive à l’autre des États-Unis.

A New York, le jeune portoricain Anthony Baez est frappé à mort par un flic, Francis Livoti, qui, bien que déclaré « non innocent » par un juge, est acquitté.

Il faisait juste son travail. Le jour de l’acquittement de Vojtas, un policier blanc à Saint-Petersburgh, Floride, est blanchi pour son rôle dans la fusillade qui entraîna la mort lors d’un contrôle routier d’un jeune noir de 18 ans par un jury entièrement blanc.

Il faisait juste son travail. Encore et encore, ville après ville, un jeune noir ou latino est tué, et le policier tueur, si déjà il est mis en accusation, se promène librement : le plus souvent libéré qu’autre chose, par des juges, des jury ou grands jury entièrement blancs.

Affaire après affaire après affaire, ils ne font que leur travail

Quel est leur travail ?

Il y a deux façons de répondre à cette question.

  1. Leur travail est ce qu’ils disent qu’il est : maintenir la paix, protéger le faible, etc.
  2. Leur travail est ce qu’ils font vraiment : créer du désordre social, réprimer le faible, et protéger les intérêts de ceux qui veulent le statu quo (être un défenseur du riche et du puissant).

Comment est-il possible que des policiers tueurs soient acquittés quand ils disent qu’ils font juste leur travail sinon parce qu’ils font vraiment leur travail (et ce travail est de terroriser et de tuer des jeunes noirs, des jeunes basanés, des jeunes pauvres) ?

Que vous disent-ils ?

Ils vous disent aussi que les tribunaux sont des lieux d’illusion, comme les salles aux miroirs dans une maison fantôme, des lieux où les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent.

Jusqu’à ce que nous comprenions vraiment cela, nous continuerons à être choqués quand nous verrons le visage de l’injustice dans les salles d’audience des États-Unis.

Mumia Abu Jamal