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En vrac

Le jeudi 25 mars 2004.

Ne vous fiez pas à la douceur de son titre. Candide ?, fanzine du Nord, a largement de quoi bousculer « notre crédulité » qui « fait leur force », ainsi que son sous-titre le souligne. Au fil des pages, beaucoup de brèves où il est question, entre autres, de certaines applications législatives nourrissant la paranoïa sécuritaire du gouvernement français, des Verts allemands qui ont récemment passé un accord avec les sociaux-libéraux du SPD pour autoriser la culture du maïs génétiquement modifié, des luttes menées par les intermittents du spectacle (avec, notamment, une très belle lettre de Jean-Michel Rabeux, metteur en scène)… Au cœur de la publication, un épais dossier consacré au T’sékoi ?, astuce syntaxique que les rédactrices ont malicieusement adoptée pour évoquer certaines substances dont l’usage et la mise en valeur sont, pour l’heure, rigoureusement prohibées. Un intéressant parallèle est établi entre celles-ci et le nucléaire civil et militaire, deux domaines frappés d’un même secret-défense, porte ouverte à toutes les désinformations et à toutes les répressions contre qui cherche légitimement à lever certains voiles. Enfin, Candide ? s’enrichit de nombreuses chroniques de livres qui n’ont pas les faveurs des « grands » médias. Après lecture, il apparaît clairement que Candide ? est bien moins un fanzine qu’un véritable petit magazine, tant par l’excellente qualité de la mise en page que par la teneur, également remarquable, des articles. À soutenir !

Candide ? nº 5, c/o association Candide, 97, rue du Général-Marchand, 59200 Tourcoing, redaction _chez_ candide.asso.fr abonnement : 12 euros (6 mois)

Restons dans le Nord et plus précisément en Picardie où Achteure signale la sortie de son album. Il est intitulé « Lés pyids dins ioe, él né in ‘lér » (« Les pieds dans l’eau, le nez en l’air »), et vous l’aurez compris, ça chante en franc picard ! Ce particularisme régional, si j’ose dire (et sans aucune condescendance, attention) n’évacue pas l’impressionnante richesse que le groupe déploie sur sa palette musicale, ne serait-ce qu’à travers la diversité des instruments utilisés : accordéon, mélodica, violon, crécelle, flûte à bec, grattoir, saxophone, contrebasse, guitare… Le style varie ainsi de la chanson délicatement égrenée (parfois uniquement vocale) aux mélodies parfois presque slaves dans leurs accents, non sans détours dans des registres rock progressif (il semble que Philippe Bouffroy, le noyau d’Achteure, soit un grand fan de Jimmy Hendrix). Les paroles, traduites avec bonheur, peuvent être mélancoliques (« Aimer autant ») ou pleines d’humour (voire un brin paillardes), mais aussi iconoclastes, franchement antimilitaristes (« Core Toudi »), et, disons-le, gaillardement anarchistes (« Quaind chés glaines airont des déents ») ! Un petit bonheur sur la platine, cette galette-là.

Achteure « Lés pyids dins ioe, él né in ‘lér », 18 euros chez Achteure, 11, place de l’Église, 60650 Ons-en-Bray

Depuis de nombreuses années, Stonhenge, à la fois label et VPC, est devenu un pilier incontournable de la scène punk hardcore. Le label a aligné des dizaines de productions (avec une prédilection, à une certaine époque du moins, pour le genre émocore), et la VPC propose plusieurs centaines de disques (registre hardcore intense, notamment) en provenance des quatre coins de la planète, rien de moins. « Do it yourself et non-profit, avec un désir de s’émanciper joyeusement et créativement de l’héritage capitaliste, sexiste, homophobe, raciste, impérialiste et hiérarchisé qui restreint nos vies et nos relations », Stonehenge poursuit sa route et annonce en passant la sortie imminente du nouvel album de To What End (punk avec chant mixte plutôt prometteur), que j’attends de pied ferme. Je conseille vivement d’aller cliquer sur son site, une promenade agréable vous y attend ainsi que pas mal de titres téléchargeables.

Contact : Stonehenge, BP 46, 33031 Bordeaux cedex, cybergod _chez_ stonehengerecords.com, http://www.stonehengerecords.com/