L’électeur a donc choisi de « sanctionner » le gouvernement. Il est difficile de prévoir comment cela se traduira du point de vue de la composition des exécutifs régionaux — l’usine à gaz qu’est le système majoritaire choisi rend les oracles imprécis.
En tout cas, la droite se prend une grande baffe, ce qui lui pendait au nez depuis un bout de temps — politique réactionnaire oblige. Notez que rien ne va changer dans cette action gouvernementale, parce que les puissants se foutent du verdict des urnes. Ils pleurent un peu sur les places perdues, et ils obéissent à leurs patrons du Medef.
Le problème, c’est que du coup, la gauche est remontée, et les Fabius, Lang et Hollande se pavanent… Eux qui, chaque fois que la même situation s’est présentée, ont trahi la confiance que les naïfs avaient mise en eux. Dans la même engeance plurielle, le PCF se refait une santé dans l’opposition. Toutes ses voix finiront bien sûr dans le prochain chaudron aux sorcières gouvernemental !
Autre point noir, l’extrême droite consolide ses positions. On s’y attendait, l’ambiance générale n’étant pas à l’ouverture d’esprit, mais plutôt à la chasse ouverte au maghrébin, sous des prétextes divers : sécurité, voile, terrorisme. Nous l’avions dénoncé avant et après l’élection présidentielle : le « front républicain » ne fait manifestement pas reculer le FN.
L’extrême gauche, elle, se vautre un peu. LO et la LCR ne peuvent pas se blairer, et leur mariage d’intérêt a bien du mal à convaincre le chaland. L’effet « vote utile » a dû aussi leur être fatal. Il faut dire que, depuis quelques années où les prétendus « députés ouvriers » font « entendre la voix des travailleurs » dans les assemblées, on ne peut pas dire que la politique menée ait été meilleure pour nous !
Voilà le nœud de l’affaire. Donner des gifles aux politicards qui font des sales coups, c’est amusant. Mais tel que le système est fait, on peut au mieux les remplacer par d’autres hypocrites qui feront pareil, sinon pire. Les gars sincères qu’on pourrait mandater sont réduits au rôle de bavards. Pendant qu’ils sont occupés à se faire élire, ils négligent leurs devoirs dans la lutte émancipatrice, et ils poussent les autres à en faire autant.
Nous refusons donc nos suffrages à ceux qui les briguent. Nous rigolons franchement quand on vient nous dire que tel ou tel est préférable à tel ou tel autre. S’il veut être élu, c’est qu’il ne vaut pas mieux. Et s’il est honnête, le meilleur service à lui rendre est de ne l’élire pas.
Notre salut est dans la réorganisation du mouvement ouvrier révolutionnaire et dans le combat anti-étatique. C’est un travail immense, si profondes sont les ténèbres où les électionistes de tous bords ont plongé le mouvement d’émancipation. Le premier pas est de tourner le dos aux chimères parlementaires. Vous m’avez compris, au second tour, personne ne vote, partie à trois avec le FN ou pas.
Moïse Cailloux