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Lecture

« L’Anarchiste de Chicago »

de Jürgen Alberts
Le jeudi 5 mars 1998.

Le 4 mai 1886, au beau milieu des luttes sociales pour la journée de 8 heures de travail, à Chicago, une bombe explosait dans les rangs des policiers lors d’un meeting public au Haymarket square, tuant une douzaine de policiers, en blessant de nombreux autres. Les flics rescapés provoquèrent en ripostant un bain de sang dans la foule. La répression fut impitoyable : la bourgeoisie, inquiétée par l’agitation sociale grandissante, en profita pour faire un exemple. Huit militants dont le seul tort était d’être anarchistes, et immigrés récents de surcroît, Spies, Engel, Schwab, Neeb, Fielden, Fischer et Parsons, furent pendus, sauf Lingg qui se suicida la veille, après un procès inique. Le véritable auteur de l’attentat, lui, ne fut jamais retrouvé. Mais le mouvement social était brisé.

C’est une hypothèse sur l’identité du lanceur de bombe qui est ici présenté, sur la foi du témoignage écrit de quelqu’un à qui celui-ci se serait confié. Karl Schaschler, anarchiste allemand réfugié aux États-Unis sous le nom de Franz Wilhelm, vit une vie paisible sous la couverture d’un pasteur négociant en articles religieux. Mais les violences systématiques de la police et des Pinkertons (milice patronale) envers les ouvriers, afin de briser la grève, l’excède au point qu’il décide de répliquer à la violence par la violence. Et quand il voudra en assumer les conséquences, il sera trop tard.

À mi-chemin d’un travail d’histoire et d’un roman noir, ce livre intéressera autant ceux qui cherchent un témoignage sur une période clé du mouvement libertaire aux États-Unis que les fans de polars.

Guillaume
groupe Louise Michel (Paris)


L’Anarchiste de Chicago, Jürgen Alberts, Série noire, 418 pages, 62 FF. En vente à la librairie du Monde libertaire.