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Ils sont morts debout !

février 1960.

Francisco Sabater [Francisco "Quico" Sabaté llopart] vient d’être abattu par la guardia civile après une lutte farouche. Entouré de quatre camarades, il venait de franchir la montagne et tentait de rejoindre Barcelone pour accomplir une mission que la résistance lui avait confiée.

Frappée par la noblesse du militant, la presse, à de rares exceptions près, a salué l’« homme révolté » qui refusait l’asservissemenet et pour qui la liberté se défendait les armes à la main. À quelques exceptions près, car on a le regret de trouver, parmi les rares journaux qui ont éprouvé le besoin de se montrer serviles envers Franco, un quotidien du soir, Le Monde, dont la relation fut particulièrement infecte. Disons à Sirius que Lorsque des hommes meurent debout, il est du devoir d’un directeur de faire taire les folliculaires qui vivent et écrivent couchés.

On a parfois présenté Sabater comme un homme exceptionnel ! - C’était un anarchiste formé par la rude expérience des combats révolutionnaires. Un honnête homme, un homme d’honneur ! Un homme qui avait le sens du combat de rue, de maquis. Un homme comme, certes, il y en a trop peu, mais un homme comme il en existe encore de nombreux dans le mouvement libertaire et syndicaliste-révolutionnaire. « Le dernier des guerilleros » a écrit la presse, dans une louable intention de mettre en relief la noble figure ? -Non ! -mais un des combattants, les plus estimables parmi des milliers d’autres qui un jour accrocheront Franco à l’étal d’une porcherie.

Autour de Francisco, quatre camarades, dont pour l’instant nous tairons les noms, sont tombés pour le même idéal de liberté. Ils formaient avec leur ainé un bloc taillé dans le granit, indissociable, et qu’aujourd’hui nous pleurons tout entier.

Dans un récent article, je signalais à nos lecteurs la réorganisation et le nouveau départ de la résistance espagnole. Déjà des hommes tombent qui, comme Sabater, sont nos amis. D’autres luttent que nous devons protéger, aider…

Le mois a été lourd ! Camus dont nous parlons autre part, Francisco Sabater et ses amis ! Les hommes qui font l’histoire et celui qui l’écrit ! La culture et la lutte sans merci contre l’oppression ! - Culture et action révolutionnaires ! une somme qui contient toute notre raison d’exister.

Notre mouvement libertaire saura se souvenir que le devoir de ceux qui restent est que Francisco Sabater et ses camarades ne soient pas morts pour rien.