Accueil > Archives > 1998 (nº 1105 à 1145) > 1112 (26 févr.-4 mars 1998) > [« Ils ne pensent donc qu’à ça ? » Maurice T. Maschino]

« Ils ne pensent donc qu’à ça ? » Maurice T. Maschino

Le jeudi 26 février 1998.

Les hommes se conduisent-ils au lit comme dans la vie ? Même chez le plus évolué subsiste toujours, quelque part, un pithécanthrope qui ne dort que d’un œil. C’est ce que montre cette enquête où, à côté d’hommes et de femmes longuement interviewés, interviennent de nombreux spécialistes : médecins, sexologues, psychologues, prostituées…



La sexualité. Tout le monde en parle, le plus souvent pour ne rien dire. Inlassablement, nous ressassons des lieux communs éculés, nous manions une langue de bois qui, selon notre personnalité se teinte de réserves pudiques ou de surenchères grivoises. Au bout de compte, malheur à qui s’efforce de briser cette loi du silence censée préserver les libertés individuelles, honnis soient ceux ou celles qui tentent de mettre à jour ces vérités qui paraît-il ne sont pas toutes bonnes à dire.

Pour s’être essayé courageusement à dresser un tableau des différents aspects de la sexualité masculine, Maurice T. Maschino risque de s’attirer les foudres de plus d’un lecteur. Bien sûr, l’exercice de synthèse d’approches pluridisciplinaires et d’une kyrielle de témoignages expose l’auteur au double écueil de la caricature et du manque d’exhaustivité. Mais qu’à cela ne tienne, son étude est une esquisse intéressante. Elle ébauche un bilan de l’étendue des avancées et des désastres. Elle donne envie de poursuivre l’état des lieux pour enrichir les débats publics et privés afin d’aller tous ensemble vers plus d’émancipation.

Maschino passe tout en revue, sans fadaise pudibondes ni hypocrisies mensongères : homosexualité et hétérosexualité ; peur pathologique de l’immixtion de l’autre et aspiration à une relation fusionnelle ; crainte d’être éconduit et donjuanisme conquérant ; performances physiologiques et impuissances psychologiques ; conformisme frileux et perversités criminelles du violeur ou du pédophile.

Si l’écrivain enfonce parfois des portes ouvertes, il soulève bien souvent des chapes de plomb aux allures de couvercles de poubelles dont le remugle nauséabond écœure, il apporte quelques clefs pour décrypter des comportements difficilement compréhensibles de prime abord.

Disons le tout net : quel que soir votre âge, votre sexe, votre sexualité vous gagnerez à lire cet ouvrage qui jette un pavé supplémentaire dans la mare boueuse du politiquement correct.

Christophe Fétat


Édition Calman-Lévy, 305 pages, 120 FF.