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éditorial du nº 1347

Le jeudi 19 février 2004.

La semaine dernière, dans le territoire francilien, le syndicat du Livre CGT signait un accord avec le patronat de la presse quotidienne. Le rapport de forces a bien pris du plomb (sic) dans l’aile depuis le conflit du Parisien libéré qui, il y a bientôt trente ans, dura près de deux ans jusqu’à la victoire. Là les responsables des catégories graphiques ont signé la fin de leur hégémonie syndicale. Qualifié par certains d’accord historique, ce texte sonne le glas de l’exception parisienne, du monopole de l’embauche, du salaire égal pour toutes et tous, de l’encadrement issu des rangs ouvriers…

Tout cela me direz-vous n’avait-il pas (malgré les courants minoritaires dont les libertaires) un arrière-goût de stalinisme froid ? On verra bien si le nouveau monde de l’imprimerie saura réinventer le syndicalisme.

Lequel en aurait bien besoin. Entre le démantèlement de La Poste, la priorité donnée aux entreprises, l’acceptation des lois du marché par les centrales syndicales et les « tours gratte-ciel » acceptées par les élus socialistes, on se demande si le dos rond du mouvement ouvrier cessera un jour. Pourtant il y a plus de vingt ans tout le monde de gauche paradait place de la Bastille à Paris pour fêter l’avènement. Et depuis que dire du code du Travail que nous avons tant aimé ?

Il paraîtrait que « les entreprises » chérissent les célibataires. Pas d’attaches, rien que des valeurs positives, du grain à moudre pour les cadences infernales.

Les élections prochaines prennent bien sûr le haut du pavé. On aurait préféré que le mécontentement du monde salarié déborde des villes de notre bel Hexagone. Mais les armes et les alliances s’échangent pour les régionales.

Oubliées toutes les couleuvres, il faut toutes et tous alourdir le dossier de l’actuelle majorité gouvernementale pour remporter les prochaines échéances électorales.

Pourtant les subventions irrégulières de la FNSEA n’ont pas beaucoup gêné pendant vingt ans les ministres toutes tendances confondues.

Côté Sécurité sociale, c’est du même acabit : le marché doit tout réguler et l’avis de tempête est à l’ordre du jour pour notre protection sociale.

Est-ce vraiment le commencement de la traversée du désert pour celles et ceux qui désirent un monde nouveau ? Avec un mouvement ouvrier qui n’en finit pas de s’effriter et un MEDEF qui se croit au XIXe siècle, on pourrait le craindre. Mais tout est à réinventer sans cesse.