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Coraggio Cesare

Le jeudi 19 février 2004.

Avec l’embastillage de Cesare Battisti, Perben, Sarkozy et Berlusconi franchissent une nouvelle étape répressive, la main dans la main, contre les réfugiés politiques italiens.



Le mardi 10 février dernier, au matin, des policiers de la DNAT (Division nationale anti-terroriste) venaient arrêter l’écrivain Cesare Battisti à son domicile et le plaçaient en garde à vue au Quai des Orfèvres. Aucune procédure n’avait été engagée contre lui avant cette arrestation. C’est semble-t-il sur demande du gouvernement italien qu’il a été ainsi arrêté.

En Italie, Cesare a en effet été condamné à la prison à perpétuité en 1987, sur le témoignage de repentis, à la suite d’un procès loufoque au cours duquel on lui a mis notamment sur le dos deux meurtres commis le même jour dans deux villes différentes : Venise et Milan ! Ex-militant du groupe « Prolétaires armés pour le communisme », Cesare s’était évadé de prison en 1978. Réfugié en France après un passage au Mexique, il faisait partie de ces exilés à qui le gouvernement français avait promis la protection juridique sous le règne de Mitterrand. Il avait pourtant été arrêté une première fois en 1990, déjà sur demande des autorités italiennes, mais la justice avait refusé son extradition.

Sur le plan légal, Cesare n’est théoriquement pas expulsable. Théoriquement, car, après la rencontre récente entre le garde des Sceaux Dominique Perben et le ministre de la Justice italien, le gouvernement français paraît soucieux de faire plaisir à Berlusconi. Cette arrestation s’inscrit de toute évidence dans le cadre de la politique sécuritaire de Perben et Sarkozy et vise sans doute aussi à montrer sa « fermeté » aux électeurs tentés par le vote Le Pen. Le gouvernement n’a visiblement que du mépris pour les engagements pris officiellement par ses prédécesseurs. Les faits reprochés à Cesare par la justice italienne remontent pourtant à près de 2 ans. Sans jamais être passé dans le camp des repentis, Cesare a depuis longtemps rompu avec les théories qui ont conduit le jeune prolétaire de 18 ans à s’engager dans un groupe préconisant la lutte armée dans les années soixante-dix, dans une situation politique totalement différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Tout en conservant un engagement social, il se consacrait à l’écriture. En Italie, il risque la prison à vie, car on ne revient pas dans ce pays sur les jugements prononcés par contumace. L’État italien ne fait aucun cadeau à ceux qui ont pris les armes contre lui voici trente ans. Et on a pu voir récemment, à Gênes, avec quelle violence sa police traite les contestataires. En France aussi, l’État est rancunier avec ceux qui se sont engagés dans la voie de la lutte armée, comme le montre le refus de libérer les prisonniers d’Action directe gravement malades, alors qu’il est clément avec de sinistres personnages comme Papon. Tout est donc à craindre !

L’arrestation de Cesare a surpris ses amis qui le croyaient à l’abri d’un tel coup bas. Mais la mobilisation a immédiatement commencé pour exiger sa libération immédiate, en particulier parmi ses amis les auteurs de polars. De nombreux textes et pétitions circulent sur Internet, des réunions et manifestations sont en préparation. Soyons nombreux à y participer pour dénoncer ce déni de justice. Cesare ne doit pas être extradé.

Exigeons le respect des engagements pris et du droit d’asile ! Libération immédiate de Cesare Battisti !

Gérard Delteil


Libertà per Cesare Battisti

Cesare Battisti, auteur de romans policiers notamment Les Habits d’ombre, L’Ombre rouge, Buena Onda, Dernières cartouches, participait au grand jour à de nombreux festivals de polar et animait des ateliers contre l’illettrisme. Sans problème puisque qu’il y a plus de dix ans la justice française avait jugée irrecevable la demande italienne d’extradition. En août 2002, le fait du prince mitterrandien a été cassé par l’extradition Paolo Persichetti, ancien membre de l’Union des communistes combattants (UCC) devenu enseignant à l’université Paris VIII.

Depuis son arrestation, la communauté des auteurs de polars, des bibliothécaires entre autres se mobilisent pour que Cesare échappe à l’extradition. Le site Internet de polar mauvaisgenres a ouvert à cet effet une pétition en ligne sur : http://www.mauvaisgenres.com/arrestation_battisti.htm.

Vous pouvez suivre cette affaire en direct sur le site de Battisti : http://www.vialibre5.com/

Jimma

Rassemblement en soutien à Cesare Battisti, samedi 21 février, à 15 heures place Saint-Pierre, à l’appel du groupe Proudhon de la FA, de la librairie l’Autodidacte et de la CNT. Le soir, une projection du film de Pierre-André Sauvageot Cesare Battisti, résistances aura lieu.