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Nîmes

Encore la vidéosurveillance

Le jeudi 25 septembre 1997.

De façon régulière, ce système de surveillance généralisée fait parler de lui. Dernièrement encore, c’est le maire divers gauche de Vaulx-en-Velin, Maurice Charrier qui en appelait à la lutte contre le « laxisme » en proposant l’instauration de la vidéosurveillance dans les rues. Aussitôt, la riposte des opposants médiatisa l’affaire et « l’Appel des cents contre la vidéosurveillance » vit le jour.

À Nîmes, après une campagne contre cette pratique totalitaire, c’est l’ancienne municipalité Bousquet qui dut reculer. Puis, il y eut des tentatives de constituer un « Comité pour la vidéosurveillance » et maintenant c’est la direction des Transports communs nîmois qui se mêle de la partie en annonçant l’installation de caméras dans les bus.

Ainsi, en plus de toutes les réserves que l’ont doit émettre sur le plan des libertés individuelles, nous continuons à dénoncer la vidéosurveillance en perspective avec la multiplication et le croisement entre eux des fichiers informatiques, moyens électroniques et informatiques de contrôle, développement des polices privées et des effectifs de police d’État… Pour caresser ici l’électeur, là le consommateur, on continue à entretenir l’irrationnel contre la raison : les caméras feront-elles disparaître la violence dont les racines sont ancrées dans la précarité sociale grandissante ? Il n’y aura qu’un déplacement du phénomène à des zones qui, elles aussi, seront sous surveillance par caméras : la vidéosurveillance se généralisera et se banalisera. Nos faits et gestes seront sous surveillance à chaque instant de nos vies, et sans possibilité de revenir en arrière : a-t-on déjà vu des caméras retirées lorsque la délinquance baissait ? Et encore faut-il savoir de quelle violence on parle : la violence la plus massive est celle qui voit des centaines de salariés licenciés sans ménagement de Fulmen, Perrier, Cogetex… Les partisans de la vidéosurveillance trouvent-ils plus acceptable cette violence-là ?

À y bien réfléchir, la direction des Transports communs nîmois pourrait peut-être un jour « chasser » les fraudeurs, surveiller les salariés, détecter les bus peu remplis pour supprimer des navettes… Les caméras peuvent servir à beaucoup de choses en fait.

Que ce soit par caméras interposées ou par renforcement policier (M. Chevènement y veille !), l’idéologie sécuritaire a de beaux jours devant elle. N’est-ce pas là l’expression du refus de la prise en compte globale de l’injustice sociale, de la non répartition des richesses, d’un véritable développement séparé ? La petite délinquance n’est qu’une excroissance de la misère sociale, multiplier les moyens de surveillance sur nous tous ne réglera rien et accentuera le caractère totalitaire de technologies gérées par une poignée d’acteurs sur lesquels nous n’avons aucun moyen véritable de contrôle.

Cette idéologie là, nous la combattons, nous l’avons déjà fait sous l’ancienne municipalité Bousquet, pourquoi renoncerions-nous aujourd’hui ?

Fédération anarchiste du Gard