Accueil > Archives > 2004 (nº 1342 à 1380) > 1367 (16-22 sept. 2004) > [éditorial du nº 1367]

éditorial du nº 1367

Le jeudi 16 septembre 2004.

La Troisième Guerre mondiale est-elle bien toujours en marche ? Trois ans après ce que les médias appellent « l’obsession du 11 septembre », le président actuel des États Unis d’Amérique se présente au reste du monde comme le chef militaire de l’Empire du bien face au terrorisme de l’islamisme radical. Mais le manichéisme en matière politique s’il trompe souvent les foules, piétine allégrement dans la réalité. L’ordre moral avance pour son compte mais côté antiterrorisme, ça a des relents de ligne Maginot. Depuis les attentats de New York comme le déclare Philip Roth au Monde 2 : « Le public a été puissamment éduqué à ne pas penser. »

George Bush, le père, déclarait en 1990 après la « guerre juste » contre l’Irak, que naîtrait un « nouvel ordre mondial ». Mais les prétentions hégémoniques du représentant de ceux qui se croient les maîtres du monde n’ont pas amélioré la situation de celui-ci…

Quand il y a bientôt plus de trente ans, les services secrets nord-américains « s’occupaient » de l’Amérique du Sud en général et du Chili en particulier, le gouvernement des États Unis pensait-il aussi œuvrer pour un monde juste où les lois de la jungle reculeraient ? Les médias divers ont largement oublié de célébrer l’anniversaire des « événements de Santiago du Chili ». La mémoire d’Allende ne fait plus recette. La machine de « l’esprit américain » ne s’embarrassait pas, à cette époque, d’appels à l’opinion mondiale…

L’élection présidentielle américaine du début novembre changera-t-elle la face du monde ? Kerry lave-t-il plus blanc que Bush ? Une défaite de ce dernier signifierait au moins le réveil critique des Américains. Car comme le dit Corey Robin, professeur de sciences politiques à l’université de la ville de New York : « L’administration Bush gouverne par la peur qui est devenue le seul langage de la vie publique. »

Sanglante ironie de l’histoire, USA et ce qui reste de l’URSS sont main dans la main unis contre le terrorisme, tout en favorisant objectivement l’islamisme radical (de 2001 à 2004, on peut parler de contagion terroriste). L’ex-stalinien et le « surfeur sur la vague de la menace » sont là : gare aux déviants, l’ordre moral est en marche !

Pour notre cher Hexagone ça s’empaille sec pour la prise de pouvoir dans les charges suprêmes. À gauche comme à droite ça se bouscule au portillon. Quant à l’Europe, à quelle sauce seront grignotés les acquis du mouvement ouvrier ? Pour l’instant en France, des acquis comme les 35 heures ressemblent à une grande braderie. D’aucuns se demandent même si la grève est encore possible. Ordre moral, liquidation du monde ouvrier, à nous de leur répondre !