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Italie

Chronique de la fête antimilitariste de Zeri

Le jeudi 16 septembre 2004.

Une magnifique fin août a accompagné les quatre jours de la fête antimilitariste qui a eu lieu du 26 au 29 à Coloretta di Zeri, dans les montagnes de la Lunigiana en Italie. Au départ, cette manifestation devait avoir lieu à Filatteria, mais les refus de l’administration locale ont été tels que les antimilitaristes ont occupé la salle du conseil municipal pendant 24 heures. Quatre jours durant, des camarades de toute l’Italie ainsi que la population ont participé à des échanges à propos de la guerre, du militarisme et du nationalisme. Des actions de sensibilisation, ainsi que de nombreuses actions directes visant à signaler l’asphyxiante présence militaire dans la région, furent menées.

La Lunegiana, avec ses châteaux et ses agréables paysages, est en fait une des régions les plus militarisées d’Italie. Outre le port de La Spezia, qui accueille des sous-marins atomiques, il y a les chantiers où sont construits dragueurs de mines et torpilleurs et, au Magra, des dépôts souterrains d’armes « secrètes », parmi lesquelles on peut bien imaginer la présence d’armes nucléaires, légères et lourdes. Il faut noter aussi la présence d’usines d’explosifs et d’armes, des champs de tir où sont essayés les « nouveaux » matériaux (à l’uranium appauvri), des dépôts de munitions, des camps d’entraînement, des citernes de carburant et, même, une mystérieuse et inaccessible décharge de déchets toxiques.

Malgré le renforcement considérable de la surveillance par la police, les carabiniers et la marine militaire, le jeudi 26 août, dans la nuit, l’entrée du camp d’entraînement de la Folgore a été visité par les antimilitaristes qui y ont déposé un grand panneau avec l’inscription « Camp d’entraînement d’assassins ». La même chose s’est produite aux monuments aux morts d’Aula et de Villafranca dédiés à l’aviation, qui tous deux ont été décorés d’un « Mourir pour la patrie, mourir pour rien ». Ces initiatives ont été signées par la FAI (Fédération anarchiste italienne).

Le vendredi 27, après l’assemblée matinale, a eu lieu un débat sur « l’antimilitarisme : histoire, raisons, projet », mené par Italino Rossi, historien et spécialiste du mouvement anarchiste italien, et Maria Matteo de la rédaction du journal Umanità Nova. Rossi a mis l’accent sur l’histoire de l’antimilitarisme libertaire, étroitement liée à celle du mouvement pour l’émancipation sociale, en focalisant sur des événements comme la Semaine rouge. Puis il présenta des figures exemplaires, d’Augusto Masetti qui refusa la guerre en se mutinant et en tirant sur le colonel de son propre régiment. Matteo, quant à lui, s’est exprimé sur la modification progressive du paradigme de la guerre, devenu « intervention de police internationale » (1re guerre du Golfe), puis « guerre humanitaire » (Kosovo), et enfin « guerre juste », cette guerre permanente contre le terrorisme inaugurée par Bush en Afghanistan, et poursuivie depuis en Irak. Matteo a aussi souligné la méconnaissance des raisons des guerres, et de leurs véritables enjeux.

Le samedi 28 a eu lieu une manifestation à la Piazza de l’Unità d’Italia à Pontremoli, avec distribution de tracts sur la militarisation de la région. Puis le monument aux morts a reçu l’inscription « Mourir pour la patrie, mourir pour rien », et la place a été rebaptisée place des Victimes-du-militarisme, tout comme l’avait été la veille la place voisine de la gare de Aulla, récemment dédiée aux « martyrs de Nassiriya ».

En début d’après-midi, au 82e km de l’autoroute Parme-La Spezia, donc à la hauteur du camp militaire d’entraînement de la Folgore, est apparue une banderole, longue de 7 mètres, portant l’inscription « Entraînement Killer de la Folgore » et signalant le lieu. D’autre part, sur la clôture externe, à côté du panneau « zone militaire- entrée interdite » de Mariconvers située à Monti di Licciana, une banderole où l’on pouvait lire « Ni États, ni armées », signée FAI, a fait son apparition. Au cours de l’assemblée du samedi après-midi, consacrée au thème « Guerres globales : de la guerre humanitaire à la guerre permanente », est intervenu Salvo Vaccaro, spécialiste en géopolitique et collaborateur de la presse anarchiste. Après avoir tracé le cadre des conflits en cours et des enjeux, Vaccaro a offert de nombreux points pour un débat sur les stratégies d’opposition à la guerre et au militarisme.

Le dimanche 29, Stefano Raspa, du Comité unitaire contre Aviano 2000, et Andrea Licata, spécialiste des thématiques antimilitaristes, ont traité du thème « Guerre interne : du welfare au warfare. Militarisation du territoire, armée professionnelle, propagande nationaliste et militariste ». Raspa s’est exprimé sur les problématiques inhérentes à la constitution définitive d’une armée professionnelle et sur la propagande d’enrôlement. Licata a illustré ses études sur la militarisation de l’athénée de Gorizia. Enfin, ont été déterminés les prochains rendez-vous de l’Assemblée antimilitariste et antiautoritaire.

Un pamphlet destiné aux jeunes des écoles supérieures, qui sont le plus sujets à la campagne martelante d’enrôlement dans l’armée, doit sortir dans les mois à venir. Un moment important pour tous sera l’opposition aux célébrations militaristes du 4 novembre, l’élaboration d’une campagne contre le financement de la guerre, et la participation à la manifestation nationale anarchiste contre l’OTAN prévue par la Coordination anarchiste Veneto pour le samedi 13 novembre à Mestre.

La prochaine rencontre de l’Assemblée antimilitariste et antiautoritaire est fixée pour le dimanche 5 décembre à Turin (corso Palermo 46).

Fédération anarchiste italienne

Traduction des Relations internationales de la FA