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Nucléaire

Ça suffit !

Le jeudi 28 mai 1998.

L’industrie nucléaire présentée comme un modèle de progrès technologique et de sécurité par ses partisans hypothèque gravement l’avenir. Parmi ses nombreux défauts, rappelons certains aspects essentiels :

  • forte concentration empêchant une souplesse d’utilisation et une gestion décentralisée, et qui cultive le secret des informations et l’opacité des décisions ;
  • Investissement financier tel qu’il interdit une diversification des filières (énergies renouvelables) ;
  • Encouragement au gaspillage énergétique pour rentabiliser les installations ;
  • Et surtout production de pollutions extrêmement dangereuses dans la nature dont une partie est disséminée (rejet autorisés, accidents) alors que le reste (déchets radioactifs) s’accumule sans solutions satisfaisantes de traitements.

Quand la France s’est lancée dans l’industrie nucléaire, ses promoteurs ont nié tous ces problèmes, prétendant trouver des solutions à la production des déchets. Après trente ans de recherches, ils envisagent de les enterrer alors que leur radioactivité persistera des milliers d’années. Tchernobyl et Superphénix (dont l’arrêt pose problème, son démantèlement n’ayant pas été sérieusement envisagé !) sont également des témoins dramatiques et flagrants de l’erreur fondamentale du choix du nucléaire.

Ce choix s’est fait sans tenir compte de l’avis de ses opposants mais aujourd’hui tout démontre qu’ils avaient raison. EDF en 1975 nous prédisait une énergie quasi gratuite mais coupe le compteur aux indigents, sous-traite à des sociétés bidons (radiocontrôle brûlait des déchets radioactifs en plein air !) le traitement des déchets nucléaires qui sont jetés n’importe où, quand ils ne sont pas remis en service.

Ceux qui décident pour nous sont prêts à tout pour nous faire avaler leur choix.

  • Malgré les explosions de Three Miles Island et Tchernobyl qui ont contaminés la planète entière ;
  • Malgré l’échec total du surgénérateur Superphénix ;
  • Malgré la contamination au centre de retraitement de la Hague ;
  • Malgré le scandale du transport des produits radioactifs qui contamine à tous vents depuis dix ans,

EDF se pose en grand protecteur de la planète, prétendant nous épargner de l’effet de serre imputable aux émissions de CO². En réalité, la situation est toute différente. Les centrales thermiques classiques en fonctionnement sont très polluantes et peu performantes car EDF a négligé de les moderniser. L’électronucléaire est le premier consommateur d’eau (15 milliards de m³/an, trois fois plus que le reste des activités industrielles) en la réchauffant (tours de refroidissement, rejets dans les fleuves) les centrales nucléaires vaporisent des énormes quantités d’eau, or la vapeur d’eau est l’un des principaux gaz à effet de serre.

EDF prépare aujourd’hui la seconde génération de centrales nucléaires. Il est nécessaire pour faire accepter cela à la population qu’elle soit persuadée que le nucléaire est la seule solution pour produire suffisamment d’électricité (campagnes publicitaires) et rassurée quant au devenir des déchets radioactifs (l’impossibilité de les neutraliser conduit les « responsables » nucléocrates à vouloir les enterrer dans des galeries pompeusement appelées « laboratoires »). Il est grand temps d’empêcher tout nouveau projet électronucléaire et d’arrêter toutes les centrales vieillissantes en développant de façon intelligente les différentes sources d’énergie.

En refusant l’enfouissement des déchets nucléaires c’est le nucléaire et son monde que nous remettons en cause

Pourquoi nous impose-t-on une industrie dangereuse et non rentable ? Seuls l’État et le capital y trouve du bénéfice, au péril de notre santé et de celle de nos enfants. Véritables maîtres du nucléaire, ils contrôlent les populations en matière d’énergie les empêchant d’accéder à une autonomie par le biais d’énergies renouvelables et décentralisées.

De par sa dangerosité le nucléaire amène aussi un renforcement des mesures de surveillance de ceux qui vivent autour des installations pour prévenir de supposés attentats ou mouvements d’opposants. Cela implique aussi le mensonge et le secret d’État. les populations n’ayant pas toutes les informations sont donc prises en otages. Sans oublier que les salariés (intérimaires) de cette filière sont soumis a des conditions de travail qui vont en s’aggravant.

Mais combattre le nucléaire civil c’est aussi refuser la finalité militaire qui l’accompagne depuis ses origines, refuser le maintien d’une force de frappe inutile et dangereuse, refuser à l’heure où l’on dénonce les essais nucléaires en Inde, la construction d’un simulateur d’explosions destiné à perfectionner des armes atomiques (18 milliards de francs pour ce simulateur de la région bordelaise).

À cette société nucléarisée centralisée et policière, polluée et dominée par des rapports mercantiles. nous opposons une société libertaire reposant sur l’autonomie et le fédéralisme des communes l’autogestion sans domination politique, économique, militaire ou énergétique.

Pour ne pas avoir encore plus de déchets à gérer, arrêtons le nucléaire !

Fédération anarchiste du Gard