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« Abouna »

un film de Mahamat-Saleh Haroun
Le jeudi 27 mars 2003.

Pourquoi faut-il voir Abouna ? Parce que le cinéma africain produit très peu de films importants. Et Abouna est avec Heremakono, en attendant le bonheur de Abderrahmane Sissako, l’autre film africain important de l’année (2002). Il a du style, un cadre simple, une histoire qui se tient et qui ne manque pas de poésie : deux gamins déboussolés, car le père est parti alors qu’il devait arbitrer un match de foot, se mettent à sa recherche. Ils croient le découvrir dans un film qu’ils voient en cachette. Ils volent les bobines et cherchent la trace du père sur le celluloïd. La mère décide de les envoyer dans une bonne école : c’est une secte et ils cherchent à s’épauler pour survivre parmi les fanatiques. Quelle est la formidable leçon de vie qui se dégage de ce film ? Pourquoi faudra-t-il partir, chercher le bonheur ailleurs ? On peut rester en Afrique, rester au village, trouver de quoi survivre, surtout quand il y a encore la mère et une petite maison. Il faut prendre la main qui vous est tendu. Accepter de se faire aimer. Arrêter de courir les chimères. Se contenter de ce qu’il y a.

Heike Hurst