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July et les patrons

du petit livre rouge à la case de l’oncle Tom, la soupe est bonne
Le jeudi 30 janvier 2003.

« Le temps des patrons voyous », c’est ainsi que titrait Libération le mardi 21 de ce mois en soulignant que les patrons fermant les boîtes ne tiennent pas compte de leurs salariés et que l’État ne s’en émeut aucunement. Mazette !

Allons, encore six mois de gouvernement Rafarin et l’ancien maoïste de la GP va entrer dans la résistance, nous refaire une crise de gauchisme et refonder La Cause du peuple.

Non, car Libération relativise ; il s’agit seulement de quelques mauvais garçons à la tête de Testut, Daewo, Palace-Parfum et Metaleurop. Certes, nous admettons bien que des patrons moralement « propres » existent et pas forcément à l’état de cadavre comme l’insinuent certains adolescents à la mode radicalo-gauchiste. L’histoire économique a quelque fois même accouché de patrons « sociaux ».

La démarche de July et son éditorialiste Thénard qui consiste à distinguer les mauvais patrons des bons est ridicule et racoleuse. Tout du moins, elle limite la critique et flatte l’émotion. Il serait plus honnête d’observer le capitalisme dans sa globalité. Ce système qui jette par dessus bord les travailleurs trop coûteux ou inutiles du navire « entreprise » quand ils ont cessé d’être des « collaborateurs positifs », des « acteurs à part entière » de la belle aventure imposée par les actionnaires.

Cette « aventure » qui lamine l’existence, brise des vies, saccage l’environnement. Bel et bien animée par des « patrons » pouvant être tour à tour méchants, démagogiques, tyranniques, paternalistes, du moment que ça tourne ! Le tout enrobé culturellement par un « c’est ça ou le chaos ! ».

Aussi, la notion de patrons voyous est complètement stupide. L’humanité est tout bonnement confrontée à un rapport de domination et une course au fric. Point barre ! Et si ce système génère des voyous aux petits pieds ou à cols blancs (avec leurs corollaires, les victimes) c’est qu’il fonctionne selon une logique de gangster !

Mais à lire le quotidien de la rue Béranger, c’était mieux avant car le gouvernement actuel serait plus complaisant avec le Medef que le précédent.

Gasp ! déjà amnésiques !

C’est curieux cette tendance « caméléon » à vouloir accrocher à son époque pour vendre du papier. Maintenant que la droite « est revenue », il convient d’examiner d’un œil plus critique l’actualité sociale.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, quand nous étions « tous de gauche », ce même quotidien n’hésitait pas à soutenir le gouvernement Jospin en qualifiant de terroristes et de pollueurs sans scrupule les salariés de Cellatex pour n’évoquer que cet épisode.

Ho oui ! C’était tellement mieux avant. Quand Libération vantait dès le début des années quatre vingt — sitôt passé son premier plan social — les valeurs du libéralisme et vouait aux gémonies la lutte de classes désormais « archaïque ».

Déjà à cette époque, les salariés de SKF étaient des bandits alors que Georges Besse devenait un martyr de la voie lumineuse du capitalisme réaliste.

Au fait camarade July ! Dans ta petite entreprise, combien de plans sociaux à ton actif ? Et les propriétaires actuels et futurs de Libé, tu les rangerais dans quelle catégorie de patrons ? Réfléchi et on te lira au prochain écrémage. Pour ce qui te concerne, on ne pose plus la question.

En attendant, pour contrer les quotidiens « gratuits », Libération va gagner un nouveau look grâce au concours du grand designer Mario Garcia, rien que ça ! Mais surtout il a vocation à devenir un journal non plus d’information mais de réflexion ! Ha oui ! On se disait bien qu’il s’agissait jusque-là de matraquage idéologique.

Bientôt, dans les colonnes de July, les mêmes conneries journalistiques mais avec de la vraie sueur de cervelle.

Tsinahpah