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éditorial du nº 1353

Le jeudi 1er avril 2004.

La semaine dernière il y a eu la démission d’un Premier ministre. C’était en Pologne. Effet de suite ou pas de la défaite d’Aznar en Espagne, le front des alliés de l’oncle Sam s’effrite. Mais révolution de palais, ou médias en émoi ? Les dix pays qui rejoignent, après le 1er mai, notre belle Union européenne ont malgré tout des préférences pour le « modèle social anglo-américain ». C’est pourquoi l’Europe qu’ils nous préparent ne semblerait pas préparer un monde nouveau où l’exploitation de l’homme par l’homme cesserait. Le dernier exemple est l’usine qui fabrique nos chères Gitanes que d’aucuns voudraient voir délocalisée à l’Est. Comme le titre benoîtement un quotidien francilien « Les dix pays qui s’apprêtent à rejoindre l’Union européenne le 1er mai attirent irrésistiblement les investisseurs. » Diable, que fait la Confédération européenne des syndicats ?

En notre bel Hexagone, un des piliers de la CES (la CFDT) perdrait des ouailles. Ainsi aux dernières élections professionnelles de la SNCF l’ex-centrale du square Montholon passe de la seconde à la quatrième place. Le nouveau patron de la CFDT pourra méditer sur le chemin parcouru des années 70 où son organisation taillait des croupières aux autres boutiques syndicales à ce début du xxie siècle. En 68, ils faisaient référence à Pelloutier, puis se réclamaient de l’« autonomie engagée » pour arriver au rôle de partenaire social privilégié du gouvernement qu’il soit de gauche ou de droite.

La nouvelle donne politique de ces régionales va-t-elle enrayer la multiplication des licenciements ? Noroxo, Panzanni, Candia, Alstom, STMicroelectronics… Autant d’entreprises qui feront partie des dossiers chauds de l’après-28 mars.

Mais le phénomène de la délocalisation fait partie des « lois du marché » que respectent tous les politiciens.

Le mouvement ouvrier n’en est plus à se retrousser les manches pour reconstruire la France comme à la Libération, mais les couleuvres avalées sous le règne François Mitterrand ont émoussé bien des réflexes.

À Boulogne-Billancourt la presse branchée s’extasie sur les photos printanières de la « forteresse ouvrière » désertée. La pierre philosophale d’un renouveau syndical viendra probablement de l’unité dans les luttes. Mais en tout cas pas des urnes !