Accueil > Archives > 1991 (nº 809 à 851) > .837 (19-25 sept. 1991) > [En avant pour le pétard mouillé]

Rentrée sociale

En avant pour le pétard mouillé

Le jeudi 19 septembre 1991.

Du côté des luttes ? Les états-majors syndicaux en sont encore à faire des études comparées de la montée du chômage et de ses effets néfastes. En contemplant le mouvement social comme du haut d’un balcon, on en vient à se comporter comme un « partenaire social » plus qu’un syndicat.

Ainsi, Jean-Louis Giral, président de la commission sociale du patronat et Jean Kaspar, leader de la CFDT, dans une interview publiée dans Le Nouvel observateur, semblent d’accord sur les suggestions à faire au gouvernement au sujet de la relance des privatisations et du chômage.

L’hebdomadaire peut alors titrer « CNPF-CFDT, même combat ? » et renchérir : « Une grande première. ». S’occuper uniquement de la législation sociale, et que de cela, c’est bien et pour certains ça doit rapporter gros, y’à qu’à voir les luxueux locaux de l’avenue Simon-Bolivar dans le 19e à Paris !

Dans la conférence de rentrée de la CFDT, il ne fallait pas chercher autre chose qu’une profession de foi d’assistanat social. Il y a belle lurette que la CFDT n’a plus besoin de militants, quelques permanents suffisent pour le « syndicalisme »" de services.

Alors, les bonnes volontés basistes, les ex-moutons noirs de Montholon (ex-siège de la CFDT), et quelques confédérations syndicales suffiront-elles à réchauffer le climat social de la rentrée ? Après la prestation télévisée de François Mitterrand, la CGT a réitéré son « banco » à la proposition de Force ouvrière d’une grève nationale. Duteil, membre du bureau confédéral de la CGT, a même déclaré qu’il fallait en « débattre le plus vite possible sur tous les lieux de travail ». Diable, est-ce que cela veut dire qu’officiellement les états-majors ne sont pas en phase et que la confédération de Montreuil en appelle au débordement par la base ? Les temps changent…

La fédération CGT de la Santé et de l’Action sociale a déclaré mettre « tout en œuvre pour que les 16 et 26 septembre soient des journées d’action non seulement des professionnels, infirmières et assistantes sociales, mais de tous les acteurs de ce pays ». Au niveau de l’enseignement SNES et SNIPEGC de Seine-Saint-Denis ont voté pour la grève, afin d’exiger l’ouverture de classes supplémentaires. Pour ne citer que deux initiatives non intersyndicales…

Le seul exemple unitaire marquant étant jusqu’ici Renault Sandouville où le jeudi 12 septembre, 2 500 salariés sur 4 000 ont débrayé à l’appel de cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGE) pour 700 FF d’augmentation sur le salaire de base et une prime de 1 500 FF pour la sortie de la X 24. Mais on est loin d’une lame de fond. Il faut citer encore Citroën Rennes et l’appel à un rassemblement CGT, CFDT, FO, FEN… Un tremplin pour la rentrée sociale ?

Thierry
(gr. Pierre-Besnard de Paris)


S’il faut en croire la « une » de France-Soir de lundi dernier, malgré le « lest » lâché par le gouvernement « en faveur des PME, éleveurs et fonctionnaires » la semaine sera socialement houleuse. Assistantes sociales d’Ile-de-France qui arrêtent le travail, policiers de province qui « rangent leurs carnets de PV ». De mercredi soir à vendredi soir, les conducteurs de la SNCF auraient croisé les bras, comme les policiers parisiens jeudi. Pour le dimanche 29, une « manif monstre » des agriculteurs était annoncée. Grève à FR 3, dans les arsenaux, infirmières dans la rue… Si pour Le Parisien libéré : « la guérilla sociale a commencé », qu’en est-il vraiment de ce mouvement de la grogne à l’action ?

Tout le monde monte au créneau, confirmant le sondage réalisé pour Valeurs actuelles, qui révélait que 71 % des Français pensent que le « climat politique et social de la France » va plutôt en se « dégradant ». La grogne monte, l’action suit… le syndicalisme se renforcera-t-il ?