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À la petite semaine

Boris Paponov

Le jeudi 16 octobre 1997.

Membre de la Tcheka dès sa création par le parti bolchevique, en décembre 1917, Boris Paponov, docile instrument du nouveau régime, participa à ce titre à la liquidation physique de milliers d’anarchistes, socialistes révolutionnaires de droite et de gauche, mencheviques… Bref, de toutes ces tendances inutiles, hormis la sienne. En 1921, la tâche était accomplie.

Après le vide politique ainsi créé, il prit part à l’épuration sanglante de ses propres rangs, éliminant alors tout ce qui n’était pas de stricte obédience communiste dans la ligne, l’opposition ouvrière d’abord, puis les divers droitiers, trotskistes et autres hyènes aux immondes menées antiparti, jusqu’au terme des procès de Moscou. Il compta aussi parmi les organisateurs de la nécessaire famine qui fit six millions de victimes ukrainiennes en 1933.

L’instauration d’une véritable société socialiste nécessitant d’autres sacrifices, il contribua à peupler les camps de concentration de l’archipel du goulag, où périrent là encore des millions de contre-révolutionnaires avérés, y expédiant les Lakoutes en 1928, les Mongols en 1929, les Kazakhs en 1930, puis les Kalmouks, les Tatars de Crimée, les Tchétchènes, les Ingouches et les Karatchaïs en 1943-44, d’autres encore, et les juifs toujours. Puis vint le jour des scientifiques, des artistes, des intellectuels dissidents, tous plus ou moins espions saboteurs…

On le vit « conseiller technique » à Barcelone, en 1937, quand le massacre des anarchistes et des trotskistes se fit de nouveau indispensable à l’élaboration d’un avenir radieux. Et, plus tard, dans le même rôle, à Budapest, Prague, Varsovie, pour indiquer aux camarades égarés la bonne route, tracée par les chenilles des chars de combat.

Depuis quelque temps, ouvrant les pages de son journal pour y lire les nouvelles du monde, Boris Paponov, aujourd’hui député et homme d’affaires influent, suit avec intérêt les démêlés d’un ancien préfet de la Gironde avec la justice française. « Répondre de ses actes et de ses crimes », « devoir de mémoire », « rendre des comptes devant le tribunal de l’Histoire », ces expressions l’enchantent… Songeant à Maurice Papon, Boris Paponov s’endort après lecture, un sourire au coin des lèvres…

Floréal