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Fabienne licenciée de l’Éducation nationale

Le jeudi 30 octobre 1997.

Une sale histoire que celle qui arrive à notre camarade Fabienne : maîtresse auxiliaire d’anglais dans un collège difficile des Mureaux, elle voit, au mois de juin dernier, dans l’ambiance d’effilochement des fins d’année scolaire, un élève qui rentre dans sa classe pour faire le guignol ; il est en sixième, son « public » (les élèves qui ont cours) en troisième, alors il force la dose : sous prétexte d’aller chercher un stylo qu’il a lancé, il fait mine de franchir une balustrade qui mène sur une terrasse ; un incident « banal » eu égard à tout ce qui peut se passer dans ce type d’établissement. Seulement, c’est à partir de cet incident que toute une cabale va être montée : le principal du collège, très remonté contre Fabienne qui milite au Collectif des non-titulaires et à la CNT, fait un rapport contre elle au nom de la sécurité. Quelques jours plus tard, il lui interdit l’accès de l’établissement, un comportement inimaginable dans l’Éducation nationale, une décision qui la prive d’accès à ses élèves. Et puis une lettre du rectorat : Fabienne est purement et simplement licenciée.

Son cas est traité par la commission paritaire en charge des MA qui émet un jugement en faveur de sa réintégration d’un point de vue pédagogique : rien n’y fait. Dans une lettre au syndicat CNT de l’Éducation, le recteur persiste : il évoque maintenant une « incompétence pédagogique » et non plus la sécurité, s’appuyant notamment sur un rapport d’inspection inventé de toutes pièces ! Les autres démarches que la CNT et le Collectif des non-titulaires entreprennent, avec le soutien de SUD et de la CGT, se heurtent à des fins de non-recevoir, voire même à de l’hostilité. Localement, ses collègues des Mureaux ont été parfois tenus dans l’ignorance du licenciement, parfois au contraire ils ont été visiblement très informés… très déformés devrait-on dire quand ils rapportent la version officielle : il a fallu aller sur place pour dire ce qui s’est passé.

Ainsi, tout se cumule : l’arbitraire d’un chef d’établissement, l’indifférence du rectorat devant les faits comme devant le sort des individus, la précarité des MA qui exercent les tâches les plus difficiles et à qui tout peut arriver, la hargne de ceux qui nous disent préférer les syndicats « représentatifs » au nôtre. Devant cela, l’exposé détaillé des événements, la multiplicité des interventions, rien n’y a fait pour l’instant.

On conçoit bien qu’on les énerve. On sait bien que ces minables sont entêtés jusqu’à l’acharnement. Mais ils auraient tort de faire preuve de trop de bêtise : ceux qui se sont récemment attaqués à nous (licenciements à la COMATEC, procès de la député réactionnaire Boutin contre notre journal) en ont été pour leur frais.

Fabienne doit être réintégrée.

Jean-Pierre
syndicat CNT Éducation RP