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Guillon mode d’emploi

Le jeudi 30 octobre 1997.

La vie militante nous réserve parfois des petites joies canailles. C’est rare mais ça arrive. Raison de plus pour les savourer lentement. Témoin, la relaxe mardi 21 octobre de Claude Guillon, auteur avec Yves Le Bonniec de Suicide mode d’emploi (livre censuré et interdit de réédition) et plus récemment de À la Vie à la Mort (éditions Noêsis) [1], devant la 11e Chambre d’appels correctionnelle de Paris au terme de plusieurs mois de procédure.

Méchamment tabassé par les flics le 28 août 1996, dans une rue de Paris, au soir d’une manifestation de soutien aux sans-papiers, Claude fut victime d’une hémorragie du foie et de blessures au cuir chevelu. Bien évidemment, s’ensuivit un dépôt de plainte du ministère public pour coups et blessures. Un des flics cogneurs, grièvement blessé par notre homme, avait en effet bénéficié d’un arrêt de travail de moins de trois jours, en l’espèce zéro jour (c’est leur jargon de bureaucrate).

Le premier procès eut lieu au printemps 1997 et Claude Guillon fut condamné à quinze jours de prison avec sursis et un franc de dommages et intérêts. Peine de l’innocent sans doute, mais peine tout de même. C’est un principe intolérable, répétons-le, que d’être passé à tabac tout d’abord, et par la suite d’être condamné. Et notre camarade de faire appel. Jusqu’ici : normal. C’est le principe de notre démocratie parlementaire.

C’est justement cet appel qui fut jugé mardi dernier.

Les attendus du jugement de relaxe ne sont pas encore connus. Mais au bout du compte peu importe. Ce résultat est une étape importante dans une affaire qui est loin d’être finie. Claude a déposé plainte avec constitution de partie civile, dossier instruit par le juge Valat.

Il y a des jours comme ça qui nous réconcilient avec la justice de notre pays.

Non arrête, c’est pour déconner.

Jean-Pierre Gault


[1En vente à la librairie du Monde libertaire.