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Contre les saigneurs du G8

par le Comité de lutte anti G8 (ClaG8) de Nantes
Le jeudi 19 décembre 2002.

Le groupe FA de Nantes est activement investi dans une mobilisation contre les sommets du G8. Il nous semble effectivement opportun de lancer une dynamique autour d’un pôle anti-autoritaire, de ne pas rester entre libertaires seulement, sans tomber dans le piège de la gauche qui est d’instrumentaliser tout mouvement social. À ce titre, la mobilisation doit démarrer dès maintenant, contre le sommet G8-enviroonement qui devrait avoir lieu dans le Maine-et-Loire du 25 au 27 avril 2003, contre la sommet du G8 à Évian début juin… Voici le texte d’appel du Comité de lutte anti-G8 (ClaG8) de Nantes.



Fin mai-début juin 2003, va se dérouler à Évian le sommet du G8. Depuis plusieurs années les mobilisations s’amplifient pour contrer les saigneurs de ce monde. Après les brutalités policières féroces et l’assassinat de Carlo Giulani à Gênes en juillet 2001, les prédateurs ont décidé d’organiser leurs festivités dans des coins reculés (retranchés). Cette année, donc, la France accueille le G8 dans la ville d’Évian, ville perdue dans les montagnes de la Haute-Savoie. Pour nous, lutter contre le G8, ce n’est pas demander un aménagement « humain » du capitalisme ou sa régulation/taxation par les États, mais bien promouvoir un autre type de société où les rapports humains ne seraient pas basés sur une logique de profit et de domination.

Comment organiser la mobilisation ?

Évian peut être un moment de convergence de luttes concrètes et locales, face à un pouvoir capitaliste qui se globalise de plus en plus. Évian n’a de sens, à nos yeux, que dans la continuité et la poursuite d’une multitude de résistances locales. La mobilisation allierait ces deux facettes, globale et locale, en fonctionnant en deux temps :
 D’abord une campagne locale, associée à différents collectifs de lutte et de résistance déjà existants, sur des thèmes qui nous semblent importants à traiter. Cette campagne allierait moments d’information et débats publics avec des interventions (carnaval, affichage, tracts, 4 pages et autre matériel, etc).
 Ensuite à Évian ou aux alentours, selon les possibilités, créer un espace autonome qui pourrait à l’instar du camp No Border se traduire par un « village anticapitaliste et antiautoritaire » donnant lieu à des forums (information, débats, réflexion et élaboration collectives d’une critique de ce monde).

La guerre

Au nom de la lutte contre le terrorisme, on nous prépare à une nouvelle guerre des pays occidentaux contre l’Irak et à terme contre de nombreux autres pays, à majorité musulmane ou pas. Dans le même temps, un blanc-seing est donné à Poutine pour continuer d’écraser le peuple tchétchène. Quant aux Palestinien-ne-s, leur situation empire de jour en jour. La disparition du bloc soviétique devait amener la fin de la guerre froide et la paix mondiale. Or l’émergence de nouveaux blocs économiques (ALENA, zone euro, ZLEA, ASEAN) gérant la circulation des biens et des capitaux se solde par des tensions et des rivalités accrues. Les guerres, les oppositions entre certains États ne sont que l’expression de cette guerre d’empires, de ces bourgeoisies cherchant à dominer le monde (économiquement, militairement, culturellement).

La guerre ne peut se résumer à une question militaire. Elle se joue aussi sur le front économique et social. Le capitalisme dans son développement actuel détruit toutes les conquêtes sociales. La globalisation se traduit par la dégradation des conditions de vie et de travail tant au Nord qu’au Sud et la continuité des pillages des ressources du Sud.

La guerre intérieure contre les pauvres. On peut le mesurer avec l’ensemble des lois prises ces vingt dernières années tant dans le domaine de la sécurité, du contrôle social (loi sécurité quotidienne de la gauche plurielle ou loi de sécurité intérieure de Sarkozy) que dans celui de la précarisation (PARE, flexibilité, retraites).

La mobilité et la liberté de circulation et d’installation

Le fait de voyager dans notre monde est réservé à celles et ceux qui en ont les moyens. Bien sûr pour les gens du Sud, les forteresses du Nord (Europe ou USA) sont des barrières à franchir, quels qu’en soient les coûts humains : morts, racisme, discriminations, etc. Ceux et celles qui arrivent à franchir ces frontières vont devenir de la main-d’œuvre à prix modique et corvéable à merci pour le plus grand bénéfice du patronat et des mafias (en particulier pour les personnes qui se prostituent). Mais dans les pays du Nord, la mobilité est aussi réservée à celles et ceux qui peuvent payer. On peut le voir avec la répression vis-à-vis des personnes qui voyagent sans ticket.

Contre une économie libérale et productiviste, pour des alternatives solidaires et émancipatrices !

Ces sommets, comme celui d’Évian, permettent souvent d’entériner, d’accroître une dérégulation du marché, une marchandisation des services, une remise en cause d’acquis sociaux. Ces sommets sont aussi l’occasion d’affirmer comme unique avenir possible le dogme de la croissance lié aux avancées technologiques et à la consommation, censé incarner le progrès. Le modèle occidental n’est pourtant pas universalisable aussi bien d’un point de vue matériel qu’écologique. La lutte pour la « décroissance », ou une économie où la production serait liée à une utilité sociale, doit se faire à différents niveaux, individuel (changer de mode de consommation) et collectif : lutter contre les nouveaux projets pharaoniques et inutiles ici et ailleurs, qui n’ont pour but que de faire circuler plus de marchandises et de capitaux. Il s’agit de passer d’une société aux besoins infinis, à une société dont les besoins seraient « justes » au double sens de justice sociale et d’adéquation au maintien de l’équilibre écologique planétaire.

Appel du Comité de lutte anti G8 (ClaG8) de Nantes