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Cinéma

« End of violence »

de Wim Wenders
Le jeudi 12 février 1998.

Wim Wenders avait présenté son film à Cannes, en compétition, mais après l’accueil mitigé de la critique et du public, il avait décidé de remonter son film. C’est la deuxième fois qu’il prend une telle décision. La première fois, il avait complètement refondu son montage de Nicks Movie, un film consacré à l’ami Nicolas Ray, un des grands cinéastes maudits d’Hollywood, pour qui ce film était une dernière occasion de rendre compte de sa vie de cinéaste et de nous livrer aussi le journal douloureux d’un homme acculé à la mort, car rongé par la maladie. End of violence est à la fois un rêve fou — qui renvoie à bien d’autres films de Wim Wenders, creuser les zones noires de l’humain, finir par savoir pourquoi il y a tant de violence dans le monde, dans le cœur et le corps des hommes — et puis, comme de bien entendu, une enquête policière sur la disparition d’un homme dont la mort violente avait été programmée. Au milieu de ces considérations hautement philosophiques ou bassement policières et politicardes se trouve un homme quasiment dans les étoiles, il est installé dans un observatoire, pour surveiller la ville de Los Angeles de nuit et de jour… C’est lui, en premier, qui découvre une drôle d’image. Elle va mettre en marche la mécanique et enclencher le déroulement des histoires qui s’enchevêtrent, se rencontrent, se fuient et se heurtent dans ce film.

Vous aurez compris : ce n’est pas la simplicité qui caractérise La Fin de la Violence. Le sujet nous renvoie donc incontestablement à toutes les déclarations de Wim Wenders, à sa foi d’homme en des images qui changeraient et le regard du spectateur et les images du monde, et pourquoi pas le monde.

Mais ce n’est pas un film intellectuel. Un film d’action, où il y a des poursuites, des gangsters, des gadgets électroniques, de superbes images, des stars : Andie MacDowell, Gabriel Byrne, Bill Pullman et beaucoup d’autres. Toutes les catégories d’images sont intégrées au film et ont leur importance. La petite blague de l’extraterrestre qui regarde les images sur les TV des humains et s’esclaffe « mais qui interrompt sans arrêt mon film ? » correspondrait assez bien aux réactions possibles du spectateur dérouté par tant de virtuosité. Happy end garanti, l’avenir appartient aux damnés de la terre !

Heike Hurst
émission Fondu au Noir (Radio libertaire)