C’est l’Épiphanie, le temps des galettes ! Malheureusement, les cuves du Prestige ne contenant pas que de la frangipane, c’est d’une nouvelle marée noire qui touche le littoral atlantique qu’il s’agit.
Toujours plus grand, toujours plus fort. Les trente mille tonnes de mazout de l’Erica étaient « carcérogènes » ce qui ne signifie pas qu’elles conduiront les pollueurs en prison, mais bien plutôt les pollués à l’hôpital. Les soixante-dix mille tonnes du Prestige sont, paraît-il, encore plus toxiques.
Toujours plus grand, toujours plus fort. C’est pour nourrir la croissance économique du capitalisme globalisé que ces masses monstrueuses de produits pétroliers se promènent le long des côtes.
Toujours plus grand, toujours plus fort. Les guerres du pétrole se succèdent. Ce fluide qui est la base de l’alimentation du Gargantua industriel en devient un enjeu géostratégique. Bombe sur bombe, mort sur mort.
Les gouvernements, l’Europe, vont réglementer. On ajoutera des contrôles techniques, on surveillera par satellite. De pleins bateaux de fonctionnaires des Douanes et des Mines iront ausculter la moindre noix pour mesurer sa double coque. Et le trafic pourra continuer à augmenter : toujours plus grand, toujours plus fort !
Sérieusement, la meilleure manière de réduire les risques de catastrophe, c’est encore de limiter la circulation. Et le meilleur moyen d’amoindrir la gravité des accidents qui se produisent, c’est de baisser dans des proportions considérables la capacité des cuves des tankers.
Ce qui certes peut s’obtenir par l’usage d’énergies alternatives, aussi peu polluantes que possible. Mais il faut surtout une transformation de la manière dont on produit et on consomme : préférer le durable à l’éphémère, la qualité à la quantité. Changer la production, c’est aussi changer le travail humain : tel qu’est fait l’appareil industriel, plus on travaille, plus on sollicite la production d’énergie.
C’est donc au principe productiviste dans son ensemble qu’il faut s’attaquer. Diminuer drastiquement la production,réduire à son minimum la consommation d’énergie et de travail. Reconstruire un monde social, un monde humain. Une révolution. Chiche !