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Fantiña

Le jeudi 3 juin 2004.

Fantiña
 
Elle retourne sa vie à tous les sillons du monde,
seule, pas à pas, accompagnée de fantômes indicibles,
avec ses cheveux blonds ébouriffés
de fines boucles serpentines,
son regard bleu, triste et lourd et sa bouche petite
ciselée de ses lèvres amincies par de troubles effrois.
 
La nuit m’orgasme d’elle :
 
Elle m’ouvre ses yeux
et ses bras et ses cuisses.
Ses moiteurs de blonde cèdent à mes doigts.
Sa bouche frémit aux frissons de mes lèvres à son cou.
Elle égrène et gémit des mots madrilènes inachevés
à mon oreille.
Ses petits seins roux s’érigent sous ma langue,
je m’abouche à leur peau sucrée du sang de l’érable.
 
Puis,
mes crocs de vieux chien s’arriment à la soie de son flanc.
Son ventre blanc ondule et se durcit,
se contracte en des spasmes brûlants
sous les coups de sabot d’un faune
et une larme perle de ses cils à sa tempe.
 
Enfin,
une autre vient glisser de son œil à sa lèvre
attisant de son sel le foyer de sa douceur gourmande.
 
Alors,
sa croupe s’ouvre, roule et se cambre,
s’offre à la vague en elle qui vient.
Son cri au mascaret l’inonde
tandis que j’accoste à l’amarre de ses reins.

Gérard Camoin