L’interview d’Ababacar Diop nous donne l’occasion de revenir sur les projets législatifs du gouvernement dans le domaine de l’immigration [1]. Malheureusement, la future loi Guigou sur la nationalité ne propose pas de rétablir pleinement le droit du sol. Jusqu’à l’âge de dix-huit ans (ou de seize ans s’il en fait la demande), l’enfant né en France de parents étrangers conservera une nationalité « indéfinie ». Pratiquement, cela signifie que lui et ses parents ne seront pas protégés contre une expulsion : le droit de vivre en famille est inscrit dans la constitution mais ce droit continuera à être respecté, selon la jurisprudence, si parents et enfants sont expulsés dans le même charter…
Sur ce sujet, le gouvernement refuse de parvenir à la situation antérieure à la loi Méhaignerie de 1993 [2]. Dans son rapport, Patrick Weil justifie ainsi cette décision : « il ne faut pas que l’on puisse devenir français sans l’avoir voulu ». Ce monsieur fait preuve ici d’une grande hypocrisie. Si un seul d’entre vous a souhaité à sa naissance une nationalité quelconque, qu’il le signale à Patrick Weil.
Des droits pour une élite
Un caractère élitiste imprègne la politique de l’immigration du gouvernement. Dans une interview récente, Weil affirme qu’il faut manifester « une ouverture à l’égard de certaines populations dont le pays a besoin, comme les étudiants, les chercheurs, les cadres qualifiés et les entrepreneurs ». Derrière l’expression « le pays en a besoin », il faut évidement entendre les intérêts bien compris de la bourgeoisie française.
L’avant-projet de loi Chevènement propose de créer une nouvelle catégorie de titre de séjour temporaire, portant la mention « scientifique » et réservée aux chercheurs et aux étudiants de haut niveau. Pendant ce temps, le nombre d’étudiants étrangers « ordinaires », considérés comme indésirables, continuera à diminuer chaque année. Ceux-ci, « fraudeurs potentiels », resteront soumis à l’arbitraire des préfectures, habilitées à juger seules du « caractère réel et sérieux » des études suivies [3]. Pour ceux-ci, majoritairement pauvres, le droit au travail demeurera restreint, ainsi que l’accès aux logements sociaux pour étudiants, les résidences universitaires [4].
Pour les riches, et eux seuls, ce monde n’a pas de frontières !
Tarek
groupe Durruti (Lyon)