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À la petite semaine

Vive la Padanie libre !

Le jeudi 2 octobre 1997.

Sauf erreur, aucun porte-parole des vitrines opaques mais légales des organisations de lutteurs-libérateurs nationaux n’a jusque-là manifesté le moindre soutien à cet autre membre du club des orphelins privés de mère patrie, la Ligue du Nord.

Son leader, Umberto Bossi, verse aisément, il est vrai, dans ce populisme vulgaire et racoleur sensible aux idiots du village patriote, bouche bée à l’évocation de l’indéniable majesté de leurs clochers et de leurs beaux drapeaux brandis comme des flambeaux.

Certes, dans leurs motivations sécessionnistes de boutiquiers de luxe, ses partisans, en évoquant les péquenots assistés et mafieux du Sud, pillant sans vergogne les abondantes ressources de leur riche Italie nordiste, donnent facilement dans cette xénophobie sans laquelle il n’est pas de nationalisme digne de ce nom.

Cette absence de solidarité demeure néanmoins curieuse, car ni l’adoration des bouts de chiffon orgueilleux flottant au vent de la connerie identitaire, ni le mépris pour l’étranger forcément parasite n’ont jamais gêné, au contraire, ceux qui préfèrent leur morceau de terre à tout être humain sans frontières.

Émus aux larmes par cette solitude combattante, qu’il nous soit permis de rappeler la petite communauté des États-nations en devenir à ses devoirs d’entraide la plus élémentaire. Attendraient-ils pour cela des preuves plus convaincantes de réel attachement des Lombards au sol sacré de leur patrie ? La condition première serait-elle de voir le chemin vers cette nouvelle indépendance parsemé de cadavres de profiteurs calabrais, siciliens ou romains ?

En guise d’encouragement, la voix mâle de leur chorale nationalisée pourrait peut-être entonner ce cri gaullien autant que stupide : Vive la Padanie libre !

Floréal