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André Devriendt et Le Monde libertaire relaxés

Le jeudi 12 juin 1997.

Le 3 juin dernier, le tribunal correctionnel de Paris a débouté Le Pen et le Front national de leur plainte contre André Devriendt, directeur de notre hebdomadaire le Monde libertaire.

On se souvient que le président du FN avait attaqué notre camarade pour « provocation au meurtre » parce que le ML, quelques mois auparavant, avait inséré dans ses colonnes un dessin humoristique de Lasserpe.

Cette affirmation du sieur Le Pen contre l’ami Devriendt avait toutes les caractéristiques de la bouffonnerie sinistre, du grand-guignol plutôt, dans sa version saignante. Surtout lorsqu’on sait qu’André, entre 1952 et 1962, dans ces temps de honte pour la République française, colla d’innombrables affiches contre la guerre que la France menait contre les peuples de sa colonie et peignit des « Paix en Algérie » sur bien des murs de Paris et de sa banlieue. L’officier de parachutistes Le Pen, dans le même temps, se livrait à d’autres activités moins humanistes.

En tout cas, la XVIIe Chambre a considéré que le « caractère grotesque et caricatural du message véhiculé » ôtait toute crédibilité à l’accusation. Le Front national et ses conseillers en répression se voient privés là d’une jurisprudence qui leur aurait permis de tenter de juguler encore un peu plus la liberté de la presse.

Mais que nos amis lecteurs ne relâchent pas leur vigilance : le jeudi 12 juin, au même endroit, le directeur du Monde libertaire aura à répondre d’une plainte autrement plus sérieuse que celle déposée par le clown en treillis camouflé du FN. À savoir l’ex-ministre de l’Intérieur, M. Debré, pour, excusez-nous du peu, « injures, diffamation, provocations au meurtre ».

Indépendamment (si on ose dire) des questions de personnes et de l’attitude du Parquet, nous allons pouvoir apprécier, sans aucune illusion, hélas ! le sens de la continuité de l’État des camarades ministres socialistes…

J.T.