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Mantes-la-Jolie

Le Pen poursuit les antifascistes

Le jeudi 13 novembre 1997.

Le 30 mai 1997, Jean-Marie Le Pen débarquait à Mantes pour soutenir sa fille Marie-Caroline, candidate Front national dans la 8e circonscription des Yvelines. À peine descendu de voiture devant la Collégiale (quel manque de respect pour les églises, de la part d’un fan de Chrétienté-solidarité !), Le Pen, en führer et en furie, se jetait poing levé contre la candidate socialiste venue protester, parmi d’autres Mantais, contre sa venue. Il lâchait ensuite ses miliciens de la DPS (Département protection sécurité), armés de gants plombés et de matraques télescopiques, contre les militants antifascistes qui arrivaient de plus en plus nombreux. Chacun a pu voir sur les chaines France 2 et 3 ou M6 ce déchaînement de violence et d’insultes où le chef du F-Haine en personne menait la danse ; on le voit même, bave aux lèvres tel le pitbull d’un de ses potes skinheads, poursuivre un militant en le traitant de « pédé de rouquins », expression particulièrement choisie… Mais très vite les antifas se rassemblaient et obligeait le staff lepéniste à s’enfermer dans un café ; ils en sortirent sous des jets d’œufs et la manifestation se termina par une omelette de DPS, jolie à voir, mais pas comestible.

Retour de campagne : après cette violente prestation des frontistes, ce sont eux qui aujourd’hui portent plainte, et des antifascistes devront comparaître le 20 novembre au tribunal de Versailles ! Trois d’entre eux, membres du SCALP de Mantes, sont poursuivis pour avoir injurié publiquement Le Pen et sa formation avec des slogans tels que « F comme fasciste, N comme nazi… » ou « Le Pen, fasciste, assassin ». Le Pen et consorts, qui veulent sans doute renouveler leur stock de matraques et autres instruments favorables à leur conception de la paix civile, demandent des « indemnités » à hauteur de 110 000 FF par personne…

Des militants du PCF sont par ailleurs poursuivis. Précisons que les personnes mises en cause s’étaient préalablement rendues au commissariat de Mantes pour porter plainte pour coups et blessures volontaires ; là une seule plainte a été retenue en définitive. Il n’y a sans doute aucun lien entre cette attitude et le fait que 38 % des policiers de Mantes sympathisent avec le Front !

Une campagne de soutien s’est mise en place dans la perspective du procès ; des actions ont déjà eu lieu : une pétition a été largement diffusée. Les signataires y déclarent que « Le Pen et son parti fasciste propagent partout la haine, le racisme et l’exclusion. Mobilisés eux-mêmes contre le FN, contre ses théories et ses pratiques, ils déclarent soutenir les militants du SCALP poursuivis ainsi que tous les antifascistes mantais qui pourraient l’être dans cette affaire. » On y retrouve un certain nombre de personnalités : Maurice Rajsfus, Gilles Perrault, Siné, Gérard Delteil, Jean-Bernard Pouy, Serge Quadruppani, Thierry Jonquet, Jen-Louis Hurst, René Monzat… Mais il sera de toute façon indispensable qu’il y ait une présence antifasciste massive au procès qui se déroulera le jeudi 20 novembre à 14 heures à la 5e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Versailles (3 avenue de l’Europe). Pour soutenir les accusés et pour faire face à l’éventuelle présence agressive du FN, soyons nombreux le 20 !

Hervé Delouche
réseau No pasaran