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Pour un service public garanti

retour sur une semaine pour la gratuité des transports
Le jeudi 21 octobre 2004.

Du 21 au 26 septembre, le collectif RATP (Réseau pour l’abolition des transports payants) organisait, pour la quatrième année, la Semaine pour la gratuité des transports. Cette mobilisation est à mettre en parallèle avec un travail effectué tout au long de l’année par le collectif sur la question du libre et égal accès à la mobilité. La semaine du collectif RATP avait lieu volontairement dans le même temps que celle du gouvernement sur les transports publics qui a comme point d’orgue la Journée sans ma voiture.

Cette quatrième année a été marquée par le fait que de plus en plus de personnes sont condamnées à de la prison ferme pour avoir fraudé dans les transports en commun. La loi sur la Sécurité quotidienne a ajouté aux amendes les peines de prison. À ce jour, des sans-ticket sont incarcérés pour avoir simplement refusé d’être assignés à résidence et avoir pris des transports qu’ils n’ont pas les moyens de payer.

En 2005, la région Île-de-France deviendra majoritaire au syndicat des Transports d’Ile-de-France. Jean-Paul Huchon avait fait la promesse dans son programme électoral de la gratuité des transports pour les chômeurs. Même si nous jugeons cette mesure insuffisante, elle n’est toujours pas en application à ce jour. Et, déjà, le président du conseil régional revient sur ses promesses dans le projet qu’il a présenté en limitant à quelques chômeurs le droit aux transports gratuits. Si nous ne sommes pas surpris de cette pratique, nous appelons à continuer la mobilisation pour des transports gratuits pour toutes et tous.

C’est pourquoi tout au long de la semaine du 21 au 26 septembre, le collectif RATP est allé à la rencontre des usagers. Les espaces de discussion que nous avons créés ont rompu avec l’accueil que nous a réservé le conseil régional et la RATP. En effet, plutôt que d’ouvrir le débat sur l’accès aux transports, ces instances ont préféré faire appel aux forces de l’ordre pour nous faire taire. Pourtant, les multiples débats que nous avons pu avoir avec les usagers nous montrent la nécessité d’impliquer ceux-ci plus que jamais dans la gestion des services publics.

Notre démarche s’oppose à celle des pouvoirs publics qui plutôt que d’organiser des débats préfèrent se lancer dans des grandes campagnes de communication, non suivies d’actes, comme la Journée sans ma voiture. Puis, sans y voir de contradictions, ces mêmes pouvoirs publics participent, quelques jours plus tard, à l’organisation du Salon mondial de l’automobile, qui n’a pour objectif que d’accroître l’utilisation de ces véhicules. Rappelons que la part des transports en commun dans les déplacements est passée en vingt ans de 20 % à 13 %.

Enfin, le collectif RATP a profité de cette semaine pour dénoncer la privatisation de la RATP. Si son statut reste aujourd’hui sous la mainmise des pouvoirs publics, son fonctionnement est digne d’une entreprise privée. Son accès est refusé au plus pauvre, son espace est transformé en véritable centre commercial, tout est fait pour nous inciter à consommer, la carte Navigo et les caméras contribuent à la « traçabilité » des usagers (pour utiliser les mots des dirigeants de la Ratp). C’est pourquoi par nos actions portes ouvertes ou contre la vidéo surveillance et la publicité, nous participons à la réappropriation de l’espace des transports que nous finançons en grande partie via les impôts.

Sans cette part d’impôts de la collectivité (région) et de notre travail (taxe transport des entreprises), le prix du ticket de métro serait multiplié par plus de quatre. Dans ces conditions, qui serait prêt à payer une carte orange mensuelle à plus de 200 euros ? Souhaitons-nous des transports collectifs privatisés (cartes orange à plus de 200 euros, bénéfices dans les poches des actionnaires privés, sécurité du rail amoindri comme en Angleterre) ? Ou bien un véritable service public (comme la santé ou l’éducation), entièrement financé par la collectivité et où les décisions sont prises entre salariés et usagers, véritables acteurs des transports ?

Le collectif RATP


La SNCF et la RATP ont décidé d’accélérer les condamnations pour fraude d’habitude en Région parisienne. Lors des dernières audiences, début octobre, des condamnations à la prison ont été prononcées. Et des milliers de plaintes sont en cours. Les derniers procès ont montré que c’était avant tout les plus pauvres qui étaient victimes de la loi de Sécurité quotidienne.

Pour réagir et lutter contre cette criminalisation des pauvres et cette logique sécuritaire, une assemblée générale, à l’initiative du Réseau pour l’abolition des transports payants et d’Agir ensemble contre le chômage, se tiendra le mercredi 27 octobre à 20 heures au Cicp (21 ter, rue Voltaire 75011 Paris). Tout le monde est le bienvenu pour envisager ensemble des moyens de résister.