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Lille

Les Matraques ne chôment pas

Le jeudi 15 janvier 1998.

Le 7 janvier, suite à une manifestation de près d’un millier de chômeurs, une trentaine de chômeurs CGT et AC  ! et de sympathisants se sont retrouvés dans les locaux des ASSEDIC du port fluvial à Lille vers 16 heures. Au lieu d’une entrevue avec le directeur comme ils le souhaitaient, ce sont les forces de l’ordre qui sont intervenues et qui ont commencé à expulser sans ménagement les manifestants. De ce fait, l’un d’entre eux est tombé. Un autre qui tentait de le relever a reçu pour toute réponse un coup de poing en pleine figure de la part de la police.

Bilan : pommette ouverte, lunettes envolées, deux dents esquintées et un point de suture. Il fut alors traîné à moitié conscient puis embarqué ainsi qu’un autre jeune manifestant. La personne tombée étant sous traitement médical, la police décidera de la transporter à part.

Au poste, après les demandes répétées de la personne brutalisée, ce n’est que tardivement que le médecin sera appelé, qui déclarera que son état était compatible avec une garde à vue.

Conclusion, cette personne se retrouve convoquée pour rébellion avec violence (sic) au tribunal de Lille fin février.

Le soir même, les forces de police mettaient fin avec la même violence à l’occupation de l’agence des ASSEDIC de la rue Gosselet. Une quinzaine de personnes se dirigeront alors vers le local de la fédération du Nord du PS, où ils demanderont aux socialistes présents des comptes quant à ces expulsions.

Le lendemain, un cordon de CRS protégera le local socialiste. Les chômeurs tenteront par deux fois de réoccuper les ASSEDIC lilloises et furent à chaque fois expulsés par les flics. À cette occasion, un journaliste de La Voix du Nord fut violemment pris à partie par des policiers qui le jetèrent à terre, lui arrachèrent son appareil photo et ne le lui rendirent plus tard qu’avec la pellicule voilée.

Ceci n’avait pas empêché Pierre Mauroy de se déclarer « solidaire des occupations à condition qu’elles […] n’empêchent pas le travail des employés des ASSEDIC » Alors même que dans la région, une seule agence était encore occupée par des chômeurs et que bon nombre d’entre elles avaient été expulsées puis fermées par leurs directeurs. Quelle hypocrisie ! le vendredi 9 au soir, une délégation d’une cinquantaine de chômeurs allait d’ailleurs quelque peu troubler la cérémonie des vœux à la mairie.

Samedi 10, l’antenne d’Arras était finalement expulsée avec une extrême violence. Il ne fait aucun doute que derrière la volonté affichée du gouvernement de dialoguer, celui-ci avait déjà décidé d’en finir rapidement avec les chômeurs, et ce par tous les moyens.

Une manifestation régionale était prévue mardi 13 à 14 h 30 aux ASSEDIC de la rue Gosselet à Lille.

Bertrand
groupe Humeurs Noires (Lille)