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Tout va bien !

Le jeudi 21 mai 1998.

La France remplit les critères de Maastricht et va rentrer dans l’Euro. La croissance reprend ; la bourse bat tous les records. Et pourtant, les mouvements sociaux se multiplient et la répression s’intensifie :

  • 8 octobre 1997 : Patrice Bardet, Christine Eme et une élue de Villeneuve d’Ascq sont condamnés pour avoir soutenu une personne qui devait être expulsée de son logement. Condamnés en appel à 2 000 FF d’amende avec sursis, ils se pourvoient en cassation ;
  • novembre 1997 : Jacqueline Deltombe est condamnée pour avoir hébergé un ami sans-papier. Le mouvement des pétitions lancé par les cinéastes autour de son cas a cependant permis de lui éviter toute peine ;
  • 6 janvier 1998 : 3 adhérents du Système d’Échange Local (le SEL, en Ariège) sont condamnés à 2 000 FF d’amende avec sursis ;
  • 7 janvier 1998 : au cours de l’évacuation de l’ASSEDIC du Port Fluvial à Lille, Christophe Fétat a été interpellé puis mis en examen pour « résistance avec violence » alors qu’il cherchait à porter assistance à un membre du comité chômeur CGT tombé à terre. Le procès, prévu le 26 février, a été reporté au 11 juin ;
  • 22 janvier 1998 : lors d’une manifestation à Lille, Jacques Leclerc est poursuivi pour « outrage et violence à agent » ;
  • 11 février 1998 : Daniel, Jean-Julien, Karim et Guillaume sont arrêtés lors d’un rassemblement devant le magasin Cash Converter à Paris (XIe), réunissant 150 personnes et ayant pour objectif de dénoncer ces méthodes qui consistent à acheter aux plus démunis leurs biens à un prix dérisoire pour en tirer profit. À l’issue de leur procès initialement prévu le 26 février (ils subiront 15 jours de détention préventive) et reporté au 26 mars, ils sont condamnés à des peines comprises entre 4 et 7 mois avec sursis et à des travaux d’intérêt généraux de 120 à 180 heures. Ils font appel ;
  • 11 février 1998 : lors d’une opération caddie® d’un supermarché de Clermont-Ferrand, Yvan et Antonio sont interpellés. Le 24 mars, ils comparaissent devant le tribunal correctionnel pour « vol aggravé et recel » et seront condamnés à des peines de huit jours avec sursis et cinq ans de mise à l’épreuve.
  • 6 mars 1998 : lors d’une manifestation contre le FN à Reims, deux militants se sont vu mis en examen pour « dégradation volontaire de véhicule de police » ;
  • 16 mars 1998 : à l’occasion d’une action à Fournies, 2 militants CGT. sont arrêtés puis condamnés alors qu’ils portaient assistance à une personne qui allait être expulsée de son logement ;
  • 16 et 18 mars 1998 : évacuation des églises Notre-Dame de la Gare et de Saint-Jean de Montmartre à Paris occupées par des sans-papiers. Au total, 115 arrestations. 57 personnes seront condamnées puis expulsées du territoire français !
  • 28 et 29 mars 1998 : manifestation à l’aéroport de Roissy visant à s’opposer à l’expulsion de seize sans-papiers maliens. Les passagers se joignent à l’action des manifestants. Plusieurs dizaines d’arrestations dont celles de deux journalistes (Libération et L’Humanité).

On assiste donc à des condamnations qui ont toutes pour objectif d’intimider et de marginaliser les personnes et les mouvements.

Parallèlement aux procès, le gouvernement a tenté de discréditer le mouvement social en le qualifiant d’irresponsable, en l’accusant d’être manipulé par des extrémistes et, mieux encore, de faire le jeu du FN.

Le message est clair : au moment où la mondialisation de l’Économie se structure autour de traités internationaux tels que l’AMI (Accord Multilatéral sur l’Investissement) et bientôt le NTM (New Transatlantic Market), les gouvernants entendent mettre au pas la population. Tous les moyens sont bons pour imposer de plus en plus de précarité.

Plus que jamais une riposte offensive et énergique à cette montée en puissance de la répression est vitale.

Les luttes doivent non seulement perdurer et s’amplifier mais aussi se fédérer entre elles pour permettre de construire une alternative à l’ultralibéralisme.

Concrètement, il s’agit d’organiser le soutien aux inculpés par tous les moyens :

  • signature de pétitions ;
  • organisation de rassemblements coordonnés au moment des procès sur tout le territoire ;
  • circulation de l’information rapide et régulière (téléphone, fax, courrier électronique…) ;
  • solidarité financière (frais médicaux, frais d’avocat, amendes, mandats pour les personnes incarcérées) ;
  • etc.

En inculpant un chômeur, un sans-papiers, un sans-logis, un gréviste, c’est à nous tous qu’ils s’attaquent !

Comité de soutien à Christophe Fétat
c/o AC ! Lille, 70 bd Victor Hugo, 59000 Lille, Tél. : 03 20 52 56 42


Pour connaître vos droits en cas de vérification d’identité, de garde à vue etc. à la suite de manifestations ou d’actions, écrire à l’association des Parents et amis de détenus pour obtenir le Guide de l’Arrêté.

PADI, boîte postale 232, 75624 Paris Cedex 13.