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À la petite semaine

Plaidoyer pour une euthanasie

Le jeudi 1er octobre 1998.

Il est pour le moins saugrenu de devoir constater qu’une institution bâtie sur la supercherie, devenue toute-puissante au fil du temps par recours à la ruse, l’intrigue et le crime, est de plus en plus ouvertement admise à jouer le rôle de conscience morale lorsque s’ouvre dans ce pays un grand débat dit de société.

Avec le projet de loi annoncé sur l’accompagnement de fin de vie — formule kouchnero-frimeuse destinée à évincer l’euthanasie —, l’Église catholique et ses complices avoués ou non, vont donc occuper une fois encore une place centrale et jouer les Cassandre vertueuses et illuminées en annonçant l’improbable hécatombe du troisième âge.

Pour combattre cette diabolique intention, une étouffante avalanche de formules imposantes et consacrées s’annonce, telles que « respect sacré de la vie humaine », notion fluctuante qui s’accommode de la présence d’aumôniers militaires près des poteaux d’exécution, qui poussa hier vers le bûcher nombre d’hérétiques et de « sorcières » de tous âges, et amène aujourd’hui la curie à préférer le sida rédempteur au préservatif impie.

À ceux que le propos ecclésiastique et une sensiblerie excessive amèneraient à douter du bien-fondé de mettre parfois un terme à l’existence de vieillards séniles, il est inutile d’opposer un discours de logique et de raison. Plus efficace sera la diffusion de vidéos des dernières apparitions publiques du Polonais papal. Tant de délabrement, de déchéance, bouleversera tout homme de cœur, qui souhaitera aussitôt, faute de législation vaticane sur la piqûre libératrice, qu’une âme charitable mette fin à cet acharnement apostolique en poussant Karol dans le grand bain de sa luxueuse piscine de Castel Gandolfo.

Floréal