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Contre le sommet du G8 environnement

Le jeudi 17 avril 2003.

LES MARÉES NOIRES se comptent par dizaines
même si « nos » médias nationaux ne traitent
que de celles qui touchent les côtes de
« notre » Hexagone. Les catastrophes dites
naturelles se multiplient (inondation, sécheresse, tempête, etc.) et interrogent explicitement à la fois notre aménagement du
territoire et l’évolution non naturelle de la
météo (effet de serre). Alors que des dizaines
de millions de personnes n’ont pas d’eau,
dans les pays occidentaux elle est de plus en
plus polluée, jusqu’à l’intérieur des nappes,
par le déversement d’engrais dans les sols
et, à terme, l’eau deviendra un bien pour les
privilégiés.

On pourrait continuer la description de ce
tableau. Il ne s’agit pas de prophéties car la
catastrophe nous la vivons tous les jours, et
nous ne pouvons que constater l’étendue des
dégâts. Toutes les associations, structures, partis (desVerts aux ONG et associations environnementales) qui vont se mobiliser au cours de
ce sommet partagent ce constat amer.

Notre présence reste néanmoins d’autant
plus nécessaire qu’il convient d’affirmer un
certain nombre de points si nous ne voulons
pas rester impuissants devant la dégradation
inévitable de notre environnement :

 Nous devons dans un premier temps
repréciser le champ de l’action écologique,
refusant ainsi les formes religieuses et morales
de l’écologie. L’écologie politique, c’est aussi
dans un premier temps la négation de la séparation de l’économie de la sphère politique et
sociale. Il faut donc critiquer la vision religieuse d’un prétendu retour à l’état de nature,
avec son lot de mystifications des sociétés
« sauvages ».

 Il semble, en revanche, évident que le
capitalisme, par sa recherche effrénée des
profits, se rend responsable de la plus grande
partie des atteintes à l’environnement. Par la
poursuite de cet unique objectif, le capitalisme a subordonné la nature à ses impératifs
de production.

 Il est certainement temps, pour ne pas
éternellement retomber dans les mêmes
pièges, de faire le bilan de la stratégie gouvernementale des partis écologistes. Que ce soit
sur les questions du nucléaire, des OGM, de la
dégradation de notre environnement, du tout-routier ; les cinq ans deVoynet au ministère de
l’Environnement sont un échec. Effectivement, quand Corinne Lepage, qui a occupé le
même poste, écrit « que le ministre de
l’Environnement ne peut rien faire », elle a
raison : le gouvernement n’est pas un moyen
de combattre ce système ; il en est au contraire
un élément.

Notre stratégie est donc bien d’agir au
sein des mouvements de protestation qui vont
inévitablement se développer dans les années à
venir (pour une eau de qualité, contre les
inondations à répétition, etc.) en tentant à
notre niveau de politiser et de globaliser ces
luttes. C’est donc bien à travers une présence
régulière, permanente que nous pourrons y
réussir. C’est dans ce sens que les libertaires
doivent affirmer leur présence du 25 au
27 avril.

Pour accueillir ces « saigneurs » du
monde, la ville d’Angers avait commencé son
nettoyage en expulsant des pauvres du centre
ville, fière d’accueillir ces représentants de
l’ordre mondial pourtant en conflit d’intérêts
sur le Moyen-Orient. Le sommet du G8 est
effectivement tout un symbole ; car, au-delà
des divergences d’intérêts sur certaines
régions du monde (mainmise sur les économies nationales et les richesses en matière première, dont celle du pétrole), les États les plus
riches et les multinationales ont besoin d’un
minimum d’organisation commune et de
sécurité pour effectuer leurs transactions.

Mais le 26 mars dernier la nouvelle
tombe : le sommet se tiendra finalement à
Paris, pour des raisons de sécurité. Le souci de
sécurité était une question partagée par la mairie d’Angers en parlant même de « cadeau
sinon empoisonné, du moins empoisonnant ». Raisons réelles ou diplomatiques, peu
importe !

Le sommet aura donc lieu à Paris ; mais
dans le fond la problématique reste la même. À
nous de faire entendre notre analyse ! Le Monde
libertaire de cette semaine se veut donc être une
contribution pour favoriser cette mobilisation :
analyser les problématiques environnementales
sous plusieurs angles :

 celle de la contradiction, l’opposition
entre le capitalisme et l’écologisme avec plusieurs articles (« Le capital prédateur »,
« Construire une dynamique révolutionnaire
sur les déchets capitalistes », « La décroissance
contre le développement »)

 celle de la nécessité de développer une
lutte de quotidienne, d’investir l’ensemble des
champs de luttes qui vont inévitablement se
développer au fil des années autour des phénomènes de destructions de l’équilibre écologiques (« Les luttes écologistes de l’URB »,
« Incinérateur en Bretagne », « Marée noire ».)

 celle de l’unité anticapitaliste et antiautoritaire qui se construit autour et contre le
sommet du G8. « L’enjeu est de taille à l’heure
où les partis de gauche, toutes tendances
confondues, tentent de s’emparer du mouvement né des rassemblements populaires anti-mondialisation,
souvent
basés
sur
des
pratiques d’action directe, pour mieux le
canaliser tout en s’en servant de marchepieds
électoral. »

Rejoignons les actions diverses : contre le
G8 environnement avec des actions sur Paris et
Angers, contre le nucléaire à l’occasion des 17
ans deTchernobyl, sur plusieurs départements.

Théo Simon