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100 % libertaire, 100 % contre la guerre

Le jeudi 30 janvier 2003.

Une manifestation antimilitariste a réuni plusieurs centaines de personnes à Saint-Brieuc. Ce fut l’occasion de clarifier un peu

les positions des uns et des autres à propos du conflit annoncé en Irak. Correspondance.



Le samedi 18 janvier, les militant(e)s du groupe Jes-futuro de la Fédération anarchiste s’étaient donné rendez-vous devant la préfecture de Saint-Brieuc pour manifester contre l’imminence de la guerre en Irak. Nous avions récupéré un tract de nos camarades de Rouen dont le titre nous plaisait : « Contre toutes les guerres, contre toutes les armées » mais surtout qui faisait un parallèle entre l’impérialisme américain et le néocolonialisme français en Côte d’Ivoire. « Notre » tract concluait par une sévère critique de la guerre : « Une fois de plus, derrière toutes les guerres se cachent toujours les intérêts économiques, les prétentions impérialistes et les appétits militaristes. La conquête par la force armée du pouvoir et des richesses s’inscrit dans la logique et dans la continuation de l’exploitation capitaliste sur le monde. » Nous rappelions les principes de l’Internationale des résistant(e)s à la guerre : « Nous ne soutiendrons jamais aucune guerre, qu’elle soit sous l’hospice des Nations unies ou non, qu’elle soit l’émanation d’un État, d’une armée de libération, ou sous couvert d’intervention militaire humanitaire. »

Isabelle, notre oratrice chevronnée, s’est tenu prête à lire notre « discours » teinté d’anticapitalisme, de féminisme, de pacifisme. Un ponte de la LCR locale, membre d’un comité anti-guerre, distribuant les prises de parole nous l’avait permis. Mais au dernier moment, ce grand mâle dominant a renié sa parole, prétextant fallacieusement que nous n’avions pas appelé à la manifestation ! (mensonge éhonté, mais de toutes façons, ils/elles n’en sont pas à ça prés dans ce parti). Rien de mieux pour nous mettre en condition. Nous nous sommes placé(e)s derrière le cortège de ce parti 100 % à gauche et avons crié : « De tout temps, en tout lieu, l’armée bourreau des peuples », « Ni bleue, ni blanche, ni rouge, à bas toutes les armées », « Le capitalisme fait la guerre, à bas le capitalisme ». Et pour enfoncer le clou et décharger notre hargne : « 100 % contre la guerre, 100 % libertaire, 100 % contre la guerre, 100 % anarchistes, 100 % contre la guerre, 100 % féministes, 100 % contre la guerre, 100 % pacifistes ».

Étaient présent(e)s : Renaissance communiste 22 qui en appelait à la France et à l’Europe pour arrêter la guerre, dénonçait « l’impérialisme américain […] encouragé par le champ libre que lui a ouvert la disparition de l’URSS » (sans doute des regrets), le collectif français Pas en notre nom s’inspirant de l’appel Not in Our Name signé par plus de 30 000 personnalités et citoyen(ne)s américain(e)s et rappelant que cette manifestation s’inscrivait également dans le cadre de la journée Martin Luther King aux États-Unis à l’initiative du syndicat américain AFL-CIO.

L’Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie écrivait : « Jour après jour, l’ennemi de l’Homme, de la nature et de la société, à savoir l’impérialisme, centre directif du capital, avance comme une pieuvre en tentant d’accaparer tout ce qui rentre dans son champ d’attaque. »

Lutte ouvrière s’en prenait, elle, à Chirac : « Quant aux dirigeants français, ils continuent à tenir un double langage. Après avoir annoncé aux représentants des armées que les militaires devaient se tenir prêts à toute éventualité, Chirac a prétendu que ses propos avaient été déformés […] et qu’il n’y avait aucun changement dans la positon française quant à la crise irakienne. »

Le Parti des travailleurs reprenait une déclaration de US Labor Against the War (USLAW) : « Considérant que la marche de Bush à la guerre sert de couverture et de distraction de l’économie effondrée, de la corruption des grandes sociétés et des licenciements ; considérant qu’en fait il est prévu que cette action militaire augmentera la probabilité d’actions terroristes de représailles […] nous constituons l’USLAW et décidons que nous nous opposerons fermement à la politique de guerre de Bush et nous décidons que nous diffuserons cette déclaration, que nous impulserons l’activité antiguerre des syndicats du mouvement ouvrier, des communautés. »

Le Collectif des cent pour la paix dressait un portrait sans concessions du dictateur de Bagdad et rappelait les 200 000 mort(e)s dans les rangs irakiens lors de la guerre du Golfe en 1990 ainsi que les 600 000 enfants décédé(e)s des suites de l’embargo, que le président américain ne se sentait pas engagé par la résolution de l’ONU, qu’il voulait sa guerre pour mettre à la tête de l’Irak des individus à sa botte.

Le Mouvement de la paix mentionnait que la France préside le conseil de sécurité de l’Onudepuis le début de janvier et qu’elle a le privilège d’y disposer du droit de veto. Si elle l’utilisait, cela lèverait toute l’ambiguïté et crédibiliserait notre pays aux yeux de l’opinion publique mondiale.

Sinon, la CGT constituait le gros de la manifestation mais bien contrôlée par tou(te)s les communistes ci-dessus nommé(e)s. SUD était présent aussi.

Pour conclure, le cortège libertaire était essentiellement composé de la Fédération anarchiste et d’une autre poignée d’individus bien connus dans le Trégor. Mais dans ce capharnaüm, le groupe Jes-futuro était le seul à tenir une position proche du pacifisme intégral révolutionnaire.

Aux dires des autorités, nous aurions été 500 ; nous nous estimons à au moins 700 personnes. Ce n’était pas la foule mais ce n’était pas ridicule non plus. Espérons que cette manif aura son efficacité.

De toutes façons, à bas toutes les armées, à bas toutes les guerres, à bas le capitalisme !

Sergej, groupe Jes-futuro