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Pas de cadeaux pour le sexisme !

Le jeudi 11 décembre 2003.

À l’approche de Noël et pour la deuxième année, des associations féministes organisent une campagne pour dénoncer le sexisme dans les jouets pour enfants.



Pas de cadeau pour le sexisme

Nos boîtes à lettres sont envahies, entre autres, par les catalogues de jouets. Un bref coup d’œil suffit pour constater que ces catalogues sont divisés en deux parties bien distinctes ; le « monde des filles » baigne dans le rose et s’oppose à « l’univers des garçons » aux dominantes bleues. Quant au contenu des pages, il est la vitrine de notre société patriarcale, société qui se caractérise par une assignation de places et de rôles différents et hiérarchisés selon que l’on soit femme ou homme.

Le choix, ou plutôt le non-choix, de jouets présentés aux enfants les conduit à intérioriser des comportements normés propres à leur genre : soumission, passivité, paraître pour le genre féminin, agressivité, puissance et domination pour le genre masculin.

Apprendre à faire comme maman

On prépare les filles à un futur rôle de mère (poupées en tout genre) et de parfaite ménagère (fer à repasser, dînette, aspirateur, etc.) en leur rappelant qu’elles doivent tout mettre en œuvre pour plaire aux garçons selon des critères de beauté imposés (boîte de maquillage, modèle de la poupée Barbie).

Tu seras un homme mon fils

Du côté des garçons, c’est la valorisation du règne de la violence ; les jouets guerriers emplissent les rayons et leur descriptif utilise le même vocabulaire que celui du matériel employé dans les « vraies » guerres (longueur de portée de tir, lance-missiles, etc.). Réservés aussi aux garçons les domaines de la science (panoplie de médecin, tandis que celle de l’infirmière est aux pages des filles, petit chimiste), et des techniques (trains, voitures, garages, mallettes de bricolage). Enfin, les jouets qui leur sont proposés véhiculent la puissance (Action man super musclé) et l’esprit de compétition (circuit auto, baby-foot).

On retrouve donc à travers les jeux proposés aux enfants les mêmes rapports que dans le monde des adultes ; rapports basés sur la domination masculine où les hommes se doivent d’être forts, virils et protecteurs tandis que les femmes sont cantonnées à la sphère domestique, et conditionnées à jouer les princesses. Illustration de cet état de fait, 80 % des tâches ménagères sont encore effectuées par les femmes et 2 millions de femmes sont battues par leur conjoint chaque année en France.

Les jeux et jouets, tels qu’ils sont exposés aux enfants, participent donc pleinement à la construction des genres féminins et masculins en véhiculant les stéréotypes sexistes. Quand on sait que le jeu tient une place fondamentale dans le développement d’un.e enfant puisqu’« il participe à son éveil, à sa structuration psychique et par conséquent à la structuration de sa personnalité [1] », on ne peut que dénoncer le cloisonnement dans lequel il enferme les enfants.

Enfin, cette répartition sexiste des jouets révèle l’hétérosexisme ambiant en leur proposant un modèle unique de relations futures : le couple hétérosexuel (maman/papa, la princesse/le prince) sans possibilité d’envisager d’autres formes de relations telles que l’homosexualité, la bisexualité, le célibat.

La campagne contre les jouets sexistes, outre les actions et débats qu’elle organise, propose un contre-catalogue mettant en parallèle les jouets pour enfants et les relations hommes/femmes dans le monde adulte. Une page du catalogue est aussi consacrée aux alternatives possibles ; jeux coopératifs valorisant l’entraide et non l’esprit de compétition ainsi qu’une bibliographie d’albums de jeunesse non sexistes.

N.


Les rendez-vous de la campagne

À Paris

  • Dimanche 14 décembre, à partir de 19 heures : restaurant de soutien à la campagne contre les jouets sexistes à la Rôtisserie, 4, rue Sainte-Marthe, Paris 10e.
  • Jeudi 18 décembre, à 19 h 45 : Conférence-débat sexisme et littérature de jeunesse avec Adela Turin, de l’association « Du côté des filles », en collaboration avec la librairie Quilombo. Au CICP, 21 ter, rue Voltaire, Paris 11e.
  • Samedi 20 décembre dès 14 heures : manifestation avec spectacle de marionnettes « La Fée Ministe », à ne pas manquer, devant le Printemps, à l’angle de la rue Caumartin et de la rue de Provence, Paris 9e.
  • Dimanche 21 décembre : action festive dans un supermarché ; rendez-vous à 14 heures place du Châtelet.

À Toulouse

  • Mercredi 11 décembre, action festive dans un supermarché.
  • Samedi 14 décembre, manifestation avec théâtre de marionnettes.

À Rennes

  • Samedi 13 décembre : action festive dans un supermarché.

À Orléans

  • Lundi 8 décembre, à 20 h 30, débat « Noël 2003 : pas de cadeaux pour le sexisme », à la Maison de la musique et de la danse de Saint-Jean-de-la-Ruelle.
  • Mercredi 17 décembre, dès 14 h 30 : action « les jouets inversés », dans le centre ville.

Pendant toute la campagne, distribution de catalogues de jouets antisexistes, de tracts et de flyers… (disponibles sur demande).

Contacts

    • Collectif contre le publisexisme, 145, rue Amelot, Paris 11e, 06 68 44 01 50.
    • Du côté des filles, 33, villa Wagram, Paris 8e, 01 40 55 04 07
    • Mix-Cité, 4, square Sainte-Irénée, Paris 11e, 06 25 18 73 60
    • Panthères Roses, pantheresroses@no-log.org

[1Serge Chaumier, La Production « du petit homme ».