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Rassemblement fasciste à Lille

Le jeudi 11 décembre 2003.

Depuis plusieurs mois, la droite la plus extrême s’est lancée dans une campagne d’agit-prop contre le groupe de rap Sniper. Jeunesses identitaires, cathos-fachos de l’Agrif, mégrétistes jouent au petit jeu des procès et des rassemblements de protestations contre ce groupe qu’ils accusent de racisme anti-français. Ils ont d’ailleurs été rejoints, il y a peu, par le ministre de l’Intérieur qui a lui-même intenté une action en justice contre ce groupe.

Le passage à Lille du groupe le vendredi 28 novembre a été l’occasion d’une première occupation publique du pavé lillois par des bottes néonazies depuis bien longtemps. Les Jeunesses identitaires appelaient à un rassemblement devant la mairie de Lille, la veille, pour exiger l’interdiction du concert le lendemain.

Ce n’est pas la première initiative des néo-nazis sur Lille, puisqu’ils organisèrent une soirée en juin dernier à Santes, dans la banlieue lilloise, et une réunion semi-clandestine à Lesquin au mois de septembre où ils fêtèrent la première année d’existence des JI.

Comme en septembre, les organisations anti-fascistes (Ras l’Front, LCR, CNT, FA, SUD, etc.) avaient décidé de réagir afin de ne pas leur laisser le pavé libre. Nous nous sommes donc rassemblé.e.s à une centaine devant l’entrée principale de la mairie de Lille, ce jeudi-là.

Malheureusement, nous n’avons pu empêcher le rassemblement d’extrême droite : quelques néonazis locaux. accompagnés de congénères flamands ayant passé la frontière, mais aussi d’élus mégrétistes cacochymes et de militants de l’Alliance royaliste, se sont rassemblés, une trentaine, devant une autre entrée de la mairie. Et lorsque les antifascistes ont voulu se déplacer pour aller leur barrer la route, la police présente sur place s’est immédiatement interposée, menaçante, permettant ainsi aux néonazis de parader sous les quolibets des antifas.

Le face-à-face a duré plus d’une heure, les fachos accusant la « racaille » de « niquer la France », quand nous leur lancions des « Ah, si Marie avait connu l’avortement, on n’aurait pas tous ces emmerdements ! »

Comme on pouvait s’y attendre, le traitement médiatique de l’affaire a été catastrophique. Dans son journal régional, France 3 n’en a parlé qu’en termes de rassemblement anti et pro-Sniper, alors que les fachos n’utilisent ce groupe que pour faire leur propagande et que les antifas n’ont à aucun moment pris position pour un groupe dont les textes laissent une large place aux débordements sexistes et homophobes. Quant à La Voix du Nord, elle en a profité pour mettre sur le même plan « extrêmes droite et gauche », fascistes et antifascistes.

Au final, cette première manifestation à Lille des néonazis a de quoi nous inquiéter. Même si nous étions plus nombreux que les fachos, ceux-ci ont atteint leur objectif : reprendre pied sur le pavé lillois. Il est hors de question que nous les laissions encore libres de manifester dans nos quartiers !

Bertrand, groupe FA de Lille