Accueil > Archives > 2003 (nº 1301 à 1341) > 1340 (11-17 déc. 2003) > [Riesel enchristé]

Riesel enchristé

Le jeudi 11 décembre 2003.

À la satisfaction générale de la classe politique, la loi européenne, applaudie par les Verts, qui réglemente l’« éthiquetage » et les modalités de la mise sur le marché des OGM va être appliquée. On peut considérer qu’une page est tournée : cette loi consacre l’échec de l’opposition aux OGM en France et en Europe.

Transgénique pour tous !

Dans la lutte contre le génie génétique menée en France depuis le sabotage de Nérac en 1998, certains ont su faire le lien en paroles et en actes entre la critique des OGM et celle de l’organisation sociale qui les a produits, pour remettre en question les fausses évidences d’un « destin technologique » inéluctable, du contrôle et d’une artificialisation de la vie biologique.

On va en prison pour cela

D’autres, les citoyennistes, ont noyé la critique des OGM, et ce qu’elle implique, dans un consumérisme poujadiste anti- « malbouffe ». Martelant que « le monde n’est pas une marchandise », ces confusionnistes évitent soigneusement de critiquer la marchandise dominante, source de toutes les autres : le travail.

Ainsi, ils refusent de critiquer la fonction même du chercheur, préférant défendre la « bonne » recherche d’État contre la « mauvaise » recherche privée. Comme si, au moins depuis Hiroshima, sans parler des conséquences durables de Tchernobyl, la recherche n’avait pas contribué à créer un monde scientifiquement dévasté.

Aveuglés par leur succès médiatique, les citoyens-spectateurs regardent maintenant apparaître le monde du tout-transgénique qui, depuis le début, se profilait derrière les OGM.

Pathétiques, ces croisés de la servitude active assistée par ordinateur en appellent encore une fois à l’État pour discuter de la couleur du collier et de la longueur de la chaîne.

Condamné à six mois de prison ferme pour avoir détruit des chimères transgéniques (dans une usine de Novartis, à Nérac, et dans une serre du CIRAD — Centre international de recherche agronomique pour le développement — à Montpellier), René Riesel a été incarcéré à la prison de Mende le 1er décembre 2003. Il a refusé de quémander une quelconque grâce présidentielle et tout aménagement de peine.*

« Il est en prison mais il s’obstine » (chanson populaire).

Quelques ennemis du meilleur des mondes, c/o ACNM, BP 178, 75967 Paris Cedex 20


* René Riesel s’explique dans son livre, Du progrès dans la domestication, éditions de l’Encyclopédie des nuisances, septembre 2003.