Dans le monde entier, des groupes d’activistes célèbrent le 15 mai : Jour international de l’objection de conscience. Traditionnellement, l’Internationale des résistants à la guerre appelle à commémorer ce jour en focalisant l’attention sur un lieu où la lutte antimilitariste nécessite le plus de soutien. Cette année, l’attention a convergé vers le Chili et l’Amérique latine. Le groupe « Ni casque ni uniforme », en relation avec l’IRG, a organisé une rencontre internationale sur l’antimilitarisme et l’objection de conscience. Pendant la semaine du 10 au 15 mai, des objecteurs (hommes et femmes) et des militants de l’Équateur, du Paraguay, de Colombie, du Venezuela, du Mexique, d’Uruguay, d’Argentine, du Pérou, de Bolivie, du Brésil, d’Espagne et d’Angleterre partagèrent leurs expériences et discutèrent de différents aspects de la lutte antimilitariste.
La rencontre se tint en deux temps. En premier lieu, le séminaire « Militarisme social en Amérique latine — Expériences de résistance au nouvel ordre mondial » qui eut lieu à la Maison centrale de l’Université bolivarienne, dans le quartier Yungay de Santiago. Dans ce séminaire, on discuta du phénomène de la militarisation sociale dans le contexte latino-américain, en mettant l’accent sur la résurgence des expériences basées sur la non- violence active. La conférence menée par le délégué vénézuélien, appartenant au Comité de relation anarchiste (CRA), fut suivie avec beaucoup d’intérêt par l’auditoire, qui obtint des informations de première main sur la militarisation progressive de la société vénézuélienne et l’existence de groupes parapoliciers de gauche et de droite.
La seconde partie de la rencontre était consacrée au passage de la théorie à la pratique, avec des journées d’entraînement à l’action directe non violente. Cet entraînement eut lieu au siège du groupe d’objecteurs de conscience « Ni casque ni uniforme » et s’acheva le 15 mai par une action menée en face du bâtiment du ministère de la Défense du Chili, où on lut et on diffusa le communiqué final de la rencontre.
Déclaration publique :
Dans toute l’Amérique latine et dans le monde entier, des actions pour commémorer le Jour international de l’objection de conscience ont lieu en ce moment même.
Dans tous ces endroits, on revendique le droit de refuser de participer à la machinerie de la guerre, aux dépenses militaires, à la production et à la vente d’armements, aux lois injustes et au service militaire.
Nos revendications aident à construire une société plus juste, tolérante, libérée des tortures, des prisons et des discriminations ; construction que nous réalisons à travers l’action directe non violente, la désobéissance et la résistance civiles, l’insoumission et, fondamentalement, l’objection de conscience, comprise comme un refus du militarisme, de la guerre et des causes qui la provoquent.
C’est pour cela qu’ici au Chili, nous manifestons notre rejet de la mesure incluse dans la Loi de réforme du service militaire, considérant qu’elle est faite en faveur des forces armées, et qu’elle ne privilégie pas le droit du libre choix, en posant des conditions et des limites à notre droit de décider.
Aujourd’hui, nous appelons à une attention spéciale sur la lutte pour la démilitarisation de l’Amérique latine, région soumise à l’extrême pauvreté, la faim, l’analphabétisme, la discrimination, l’esclavage, abus provoqués par ce modèle socio- économicque qui ne pense qu’aux bénéfices dans une démocratie de pacotille, qui trouve un de ses piliers fondamentaux dans l’existence des armées.
L’existence du service militaire et des lois qui le renforcent ne génèrent comme résultat que des morts physiques comme celle du conscrit Raul Aedo, entre autres, et des morts psychologiques pour ceux et celles qui passent par cette école de l’autoritarisme.
C’est pour cela que nous appelons à objecter au militarisme. Au Chili, en Amérique latine et dans le monde entier, nous disons : « Insoumission ! »
Santiago du Chili, 15 mai 2004.