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éditorial du nº 1108

Le jeudi 29 janvier 1998.

« Voter, c’est éliminer » était donc le slogan antifasciste, paraît-il, de certaines affiches placardées à la veille des élections législatives de juin 1997. Or, la révolte actuelle des chômeurs révèle bien l’entourloupe qui se cachait derrière ce prétendu acte citoyen. Seule la lutte sociale, autogérée, peut enrayer la misère, terreau propice au développement de la vermine fasciste.

À l’heure où la plupart des observateurs un peu sérieux reconnaissent que c’est l’État, en fidèle valet du patronat, qui depuis des décennies organise, planifie et criminalise cette misère sociale, au moment où la majorité plurielle continue ce « courageux chemin », saluée d’ailleurs par le patron du CNPF et par R. Barre, combattre ce gouvernement est non seulement nécessaire mais salutaire. En effet, les faux combats des dirigeants du PCF ou des Verts ne trompent personne. Leurs chaleureux acoquinages électoraux avec le PS pour les régionales de mars montrent toute la « valeur » de cette gauche de combat. Quant au chantage sur les risques d’un retour d’une droite extrême, voire d’une déferlante de l’extrême droite, cet argument ne tient pas. Les irresponsables, Monsieur le ministre des flics, ce ne sont pas les « anarchisants » mais vous et vos amis de la majorité qui tentez de briser aujourd’hui avec vos matraques, votre mépris, vos jeux politiciens, la dynamique émancipatrice enclenchée par le mouvement des chômeurs. Quand les dégâts de votre gestion capitaliste engendreront de nouvelles colères, c’est vous qui, au nom du réalisme, aurez cassé les derniers obstacles possibles à un mouvement autoritaire et fascisant. Plus que jamais, une volonté d’égalité sociale et économique est apparue ces jours-ci. Les anarchistes actifs dans ce mouvement ne peuvent que se réjouir. Cependant, au-delà d’une agitation parfois nécessaire, leur tâche est de s’inscrire davantage dans le tissu social et d’être en capacité d’offrir un projet global, basé sur les besoins sociaux et capable de rassembler toutes les forces anti-étatiques et anticapitalistes au-delà d’eux-mêmes. L’état des lieux prouve que la structuration d’un mouvement social pouvant se percevoir hors du champ de la représentation politicienne n’est pas une si vaine perspective.