À l’heure où sont écrites ces lignes les urnes n’ont pas encore, selon le cliché que le pédantisme journalistique moyen dispute à l’illusion démagogique, prononcé leur verdict. Cela n’empêche pas les politologues émérites, les éminents observateurs, les commentateurs patentés et autres éditorialistes distingués d’y aller depuis des semaines de la plumes ou du micro pour scruter, examiner, approfondir, analyser, disséquer, démontrer et démonter les petites phrases, les grandes envolées, les propos d’estrades et les effets de tribune, en tirant d’hypothétiques, d’éventuels, de probables, de presque évidents et de quasi certains résultats et ce qu’ils révéleront bientôt, indiquent déjà, démontrent dès maintenant et laissent penser depuis toujours des intentions, des constances, des changements, de la maturité et du désarroi du corps électoral français.
Nous nous contenterons ici de rappeler, face à ces bateleurs de cirque, ces aboyeurs de foire, ces racoleurs de spectacles douteux, un petit récit qu’Ésope inventa il y a 2 500 ans (et que La Fontaine lui emprunta) : Un homme se promenait sur son âne et, sentant la fatigue l’envahir, s’accorda une petite sieste sous un arbre tandis que l’âne, tout à sa liberté, se roulait dans l’herbe et se gratifiait de moult chardons succulents. Une rumeur violente réveilla l’homme qui, grimpant à l’arbre, aperçut une troupe s’avancer. Il tenta alors de reprendre son âne pour fuir mais celui-ci s’échappe. Vite, lui dit l’homme, voilà l’ennemi ! et l’âne de se dérober encore en disant : « que m’importe votre ennemi, le mien est celui qui se juche sur mon dos. »
Floreâne