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Toulouse

7 mars, manif des chômeur(e)s à Toulouse

Le jeudi 19 mars 1998.

Il est rare, dans notre pays, que des associations et qui plus est des syndicats appellent à la continuité d’un mouvement social pendant des campagnes électorales. La Fédération anarchiste a toujours appelé à rompre le silence des trêves sociales, c’est pourquoi nous avons participé à cette mobilisation dans laquelle nous avions toute notre place. Ce sont plus de 5 000 personnes qui se sont retrouvées à l’appel des associations et des syndicats de chômeur(se)s et de quatre groupes de la FA.

Malgré le nombre important des comités autonomes de chômeurs en lutte et des slogans très radicaux d’AC !-Gironde, nous avons été déçus par cette manifestation. Elle ne ressemblait guère aux manifestations pendant les occupations des ASSEDIC. Tout d’abord il était prévu que les femmes seraient en tête du cortège puisque 70 % des précaires sont des femmes. à notre grand étonnement elles ont été reléguées au milieu de la manif par la CGT de Toulouse. Encore une fois il n’a pas été possible pour elles de se faire entendre.

Tout aussi grave, cette journée était prévue pour continuer les revendications du mouvement de cet hiver sur le relèvement des minima sociaux, dans les faits les revendications sont restées dans les sacs en bandoulières. Cette journée aura été mise sous le signe de la désunion qui a caractérisé l’organisation de cette journée, et la recherche a été plus de mettre du monde dans la rue derrière ses banderoles, sans mettre en avant la lutte et les revendications, ceci explique sans doute le manque de dynamisme qui aura caractérisé cette manifestation. Cette désunion est sans aucun doute un des prémices de la lutte pour la représentativité qu’a offert le gouvernement aux associations de lutte contre le chômage, qui sont à ce moment-là devenues des associations de chômeurs, au lieu de répondre sur le fond aux revendications, dont 1 500 FF de plus pour les minima sociaux.

Enfin il était prévu que le défilé soit organisé par région et l’Aquitaine devait être la première région à partir derrière la banderole commune, mais la CGT a fait un tour de force en rassemblant un maximum de ses drapeaux en tête de la manif, donnant l’impression qu’ils étaient les grands organisateurs de la mobilisation. Enfin quand la manif fût terminée, rien n’avait été organisé pour donner la parole aux différents comités de chômeur(se)s.

Alors que des inculpés de la manif de la veille contre Le Pen passaient en procès l’après-midi, les organisateurs d’AC !-Toulouse n’ont pas voulu ou pensé déplacer le pique-nique jusque devant le palais de justice, et surtout l’information de l’existence d’un rassemblement sur ce procès après la manifestation, globalement, n’a pas été diffusée.

Tout cela nous démontre que certains ont bien l’intention de faire taire toutes les revendications ou de sonner le glas des occupations pendant les régionales.

Nous devons continuer à être avec les chômeur(se)s en lutte, les encourager à relancer la lutte par les occupations des ASSEDIC, car ils n’ont rien à attendre de ces élections.

Rémi
groupe Emma Goldman (Bordeaux)