Accueil > Archives > 2003 (nº 1301 à 1341) > 1335 (6-12 nov. 2003) > [On devient vite collabo]

À abandonner la lutte de classe,

On devient vite collabo

Le jeudi 6 novembre 2003.

ASSEDIC (Association de syndicalistes et d’employeurs pour mettre au diapason les chômeurs). Vaste fumisterie ! où les syndicats sont censés représenter les salariés ; je dirais collaboration de classe patronat-syndicats sur le dos des salariés. Les syndicalistes qui siègent à l’Unedic n’ont rien à envier aux patrons. Ils n’ont que mépris pour les travailleurs. Toutes les décisions prises conjointement avec le patronat, depuis des dizaines d’années lèsent les travailleurs. Ceux-ci croient être représentés, défendus ; ils se leurrent, car c’est exactement le contraire.

Depuis la dégressivité des indemnités, obtenue et voulue par Nicole Notat, qui a entraîné une baisse d’indemnisation de — 37 % (90 % à 53 %), en passant par le fait que tous les six mois, le versement de l’Assedic baisse jusqu’à ce que les chômeurs arrivent en fin de droit, au bout de 27 mois, à 0,00 euro d’indemnité. Ensuite, c’est éventuellement le RMI.

Prenons l’exemple des travailleurs intérimaires. À la fin de chaque mission, les travailleurs s’inscrivent comme demandeurs d’emploi. Pour leur indemnisation, les Assedic ne tiennent pas compte des changements de salaires ; elles continuent à indemniser les travailleurs intérimaires sur la base du tout premier salaire déclaré.

Exemple : en 2000, les premiers salaires bruts sont de 1 100 euros bruts. En 2002, les salaires de ce salarié intérimaire sont de 1 400 euros bruts ; les Assedic n’en tiennent pas compte, et indemnisent le salarié, sur la base de 1 100 euros bruts.

Et, lors des réclamations, la réponse toute faite est : « Vous ne nous avez rien signalé. » Mais, bon sang, n’ont-ils pas dans leur ordinateur, le dossier de chaque demandeur d’emploi. Il en résulte, uniquement pour la Haute-Normandie, un indu de plusieurs millions d’euros (environ 1 000 dossiers).

Messieurs les administrateurs, syndicalistes représentant les salariés, que faites-vous ? Est-ce une façon de défendre les intérêts des chômeurs ? De gérer prétendument paritairement les organismes ? Où va cet argent ? Pourquoi ne pas informer correctement les salariés de leurs droits. À qui profite ce délestage financier ? Quand allez-vous vous décider à réparer cette injustice ?

Messieurs les administrateurs, cet argent ne vous appartient pas. C’est une partie de nos cotisations, de nos salaires. Pourquoi tant rechigner à verser aux demandeurs d’emploi leur dû ? Peut-être pour vous payer des jetons de présence ou d’autres avantages pour le syndicat que vous représentez ! En réalité, vous pratiquez la collaboration de classe, vous ânonnez oui, oui avec le patronat. Vous n’avez qu’une piètre considération des travailleurs, qui subissent des plans sociaux et des licenciements. C’est à peine si vous ne les traitez pas de « fainéants », « voulant profiter le plus longtemps possible des versements des Assedic », pourtant versés au compte-gouttes, de moins en moins longtemps, et de plus en plus dégressifs.

Vous outrepassez vos droits ! Gestion paritaire des cotisations des travailleurs : il ne faut pas se foutre de nous ! Vous êtes la caution du patronat, jamais vous ne remettez en cause les mauvais coups. Bien au contraire, vous les justifiez, en pratiquant la collaboration de classe et vous êtes souvent l’outil renforcé de l’exploitation, en proposant les réformes des Assedic pour baisser encore les indemnités.

Il est largement venu le temps de nous organiser et, surtout, de ne pas laisser aux autres ce que nous pouvons faire nous-mêmes, et de manière complètement différente, car liés à aucun lobby.

En attendant de supprimer les Assedic, par un retour au plein emploi, en se servant de la modernisation pour diminuer le temps de travail très significativement (2 à 3 heures par jour suffiraient à produire des marchandises ou proposer des services vraiment utiles), la satisfaction des besoins serait assurée par une automatisation des techniques (supprimant notamment les tâches dégradantes).

Et il faut aussi se mobiliser contre la société de consommation, en privilégiant la fabrication de matériel plus résistant et durable, de manière à protéger également l’environnement.

Et pour payer l’ensemble des salariés dans une société ayant retrouvé le plein emploi, il suffira de se servir sur les profits du patronat, avant de l’éliminer complètement.

Justhom et Guy