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Bordeaux

Une Procédure antiterroriste contre… la pose d’autocollants

Le jeudi 28 octobre 2004.

Deux militants de Palestine 33 ont été interpellé samedi 16 octobre dans un supermarché du centre ville en train d’apposer des autocollants sur des jus de fruits soi-disant produit en Israël. En réalité, une part importante de ces produits provient des territoires occupés de Palestine, c’est entre autres pour cela que le Parlement Européen a voté la suspension des accords d’association Europe-Israël, suspension jamais mise en œuvre par le Conseil de l’Europe.

Mais cette affaire d’information et d’alerte des consommateurs sur cette tromperie s’est transformé en un cauchemar en passant dans la démesure.

Une des deux personnes a été arrêté chez elle dés le mercredi 20 à 18 heures puis placé en garde à vue au motif de discrimination (risque 3 ans de tôle et 45 000 euros d’amende) ! La deuxième personne, convoquée le lendemain à 9 heures, a elle aussi été placée en garde à vue. Dans l’après-midi (16 heures), les appartements des deux personnes ont été perquisitionné. Chez une des deux personnes, dont le mari est militant à la Fédération Anarchiste, tous les ordinateurs ont été consultés, arrachés (pour ceux qui possédaient un antivol) et embarqués. Bien sûr, pendant leurs déplacements, les deux personnes étaient menottées main à l’arrière et menottées à leurs chaises lors des interrogatoires.

Mais de quoi s’agissait-il ? De poser des autocollants qui disaient « Made in Israël. Boycott Apartheid » ! Voilà le crime !

Ces autocollants sont le fruit d’une campagne pour le boycott lancée en septembre 2002 à l’appel de nombreuses organisations, avec une manifestation important à Marseille pour dénoncer les importations des produits israéliens, tant que continuent l’occupation, l’humiliation et les massacres.

Heureusement sans doute, les soutiens ne se sont pas faits attendre. Dés le mercredi soir, ce sont les camarades qui ont l’habitude de soutenir les sans-papiers, dont de nombreux camarades anarchistes et d’AC !, qui étaient mobilisés devant le commissariat central jusqu’à minuit. De nombreux communiqués de soutien sont alors arrivés : la famille et les amis, ATTAC 33, Union Juive Française pour la Paix, Solidaires 33, UD-CGT 33, CAPJPO-Euro-Palestine. Puis un comité de soutien, s’est formé appelant à un rassemblement le jeudi soir à 18 heures devant le commissariat central de Bordeaux et à une réunion à 20 heures.

Nous apprenions juste avant le rassemblement de 18 heures que nos deux camarades étaient libérés, que les seuls chefs d’inculpation retenu étaient dégradation d’objets mobiliers et qu’ils étaient convoqués pour un procès le 4 février 2005.

Malgré tout la réunion s’est tenue pour rédiger un communiqué de soutien, de dénonciation de la « volonté du gouvernement français de criminaliser toute expression contestataire. », de défense du « droit de critiquer, de condamner la politique du gouvernement israélien… » signée par AC ! Bordeaux-CUB, AC ! gironde, ATTAC 33, Collectif Chiapas, Confédération Paysanne 33, FA, Groupe anarchiste Emma Goldman, LCR33, Palestine 33, PCF, PCOF, Solidaires 33, Tout terrain, UD-CGT 33, UJFP Aquitaine.

Constatant la multiplication des cas de répression individuelle tant dans le monde de l’entreprise que celui des mouvements sociaux, ces organisations ont prévue de se retrouver avec d’autres le 2 novembre pour constituer un réseau de vigilance afin d’informer les militants de leurs droits et risques, des procédures judiciaires, constituer un réseau d’avocats prêts à intervenir rapidement, et un réseau de contacts de ces organisations pour organiser la nécessaire mobilisation rapidement pour minimiser l’impact sur les militants de ces procédures.

Ils veulent nous détruire isolés, réagissons collectivement ! Le pouvoir nous veut soumis, organisons notre insoumission !

Ils veulent empêcher la critique des politiques israéliennes, amplifions le boycott des produits israéliens.

Philippe Arnaud, cercle Jean Barrué (33)