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Le Sexisme, violence quotidienne

Le jeudi 11 novembre 2004.

Manifestation contre les violences faites aux femmes, le samedi 27 novembre à 14 heures, place de la Bastille.



Des constats communs

Dans le monde entier, bien qu’à des échelles différentes et sous des formes très diverses, les femmes vivent une oppression spécifique liée au seul fait d’être femmes. Cette situation résulte d’un système social archaïque et pourtant encore en vigueur qui organise la domination politique, économique, culturelle, sexuelle et sociale des hommes sur les femmes : le patriarcat. Initialement défini comme un régime social dans lequel le pouvoir est transmis de père en fils et où l’autorité du père est prépondérante dans la famille, le patriarcat se manifeste à travers les rapports entre individus d’une société par des pratiques de domination légitimées dont le but est de soumettre les femmes. Le patriarcat est omniprésent, il impose son ordre et ses normes.

Les actes de violence à l’encontre des femmes sont des conséquences de l’inégalité liée au patriarcat. Ces violences sont multiformes : coups, sévices sexuels, mutilations génitales, mariages forcés, menaces, chantages, violences domestiques, incestes, harcèlements sexuels et moraux, exploitation et marchandisation des corps (publicité, prostitution, pornographie), contraception interdite, inaccessible ou imposée, stérilisations et IVG forcées, meurtres.

Non à l’exploitation de l’homme par l’homme, non à l’exploitation des femmes par des hommes !

Le patriarcat ne connaît pas de frontières

La marchandisation du corps des femmes et des fillettes liée à la prostitution et au tourisme sexuel rapporte plus que le trafic de drogue ou d’armes !

La mondialisation du patriarcat, c’est aussi le travail des femmes dans les « sweatshops », hangars immenses voués à l’industrie, où les femmes gagnent des salaires de misère dans des conditions de travail proche de l’esclavagisme.

On retrouve aussi ses conséquences dans les infanticides perpétrés dans certains pays où il est considéré comme une vraie malédiction d’avoir un enfant de sexe féminin.

Dans d’autres pays, pour exercer un contrôle terrifiant sur le corps des femmes, on pratique l’infibulation et/ou l’ablation du clitoris qui a pour conséquence de rendre extrêmement douloureux tout rapport sexuel pour les femmes.

Le patriarcat est présent dans toutes les sphères et toutes les classes sociales et le capitalisme s’en sert sans vergogne !

En France, les femmes sont payées 19,5 % de moins que les hommes dont 13 % ne sont justifiés par aucune autre différence que le sexe.

Les femmes représentent 60 % des chômeurs et 80 % des travailleurs à temps partiel, et souvent ne l’ont pas choisi.

Dans les hôpitaux, il est encore difficile de pratiquer une IVG, entre moyens insuffisants, regards suspicieux et commandos fascistes.

Une grande part des violences faites aux femmes et aux filles l’est dans la sphère familiale ou proche. En France, 41 % des viols sont commis sur des filles de moins de quinze ans, et 74 % d’entre elles connaissent leur agresseur. Ce dernier n’est majoritairement pas un marginal dégénéré mais un homme ordinaire, parfaitement intégré à la société.

Au moins deux millions d’hommes en France battent leur compagne et, chaque année, 300 à 400 d’entre elles sont assassinées ; 48 000 viols sont aussi déclarés chaque année ; combien sont tus ?

L’État réprime et les religions oppriment !

Les lois étatiques imposent le mariage comme condition du droit au séjour ou d’une régularisation.

L’exigence du maintien de la vie commune pour la délivrance ou le renouvellement des titres de séjour pose des problèmes en cas de séparation, de violence conjugale, permet des abus de la part du mari et place les femmes en situation de dépendance.

Les lois religieuses dépossèdent les femmes d’elles-mêmes : elles imposent selon les religions, de se voiler, de rester vierge, de ne pas avorter, de ne pas avoir de rapports sexuels extra-conjugaux, elles condamnent de manière permanente l’IVG et la contraception, justifient la lapidation des femmes adultères, ou imposent la charia interdisant toutes pratiques culturelles, toutes relations affectives en public, toute vie sociale et politique. Le voile islamique (comme la mantille ou le chapeau il n’y a pas si longtemps dans les églises catholiques) est utilisé comme objet symbolique de la soumission des femmes ; l’excision, comme mutilation définitive, en est l’expression la plus irréversible et la plus violente.

De la nécessité d’une transformation libertaire et révolutionnaire de la société

Une loi ne servira à rien si les bases morales et économiques de la société qui génèrent et justifient l’oppression et la violence patriarcale ne sont pas renversées.

On ne peut que regretter l’évolution d’une partie du mouvement des femmes vers un féminisme institutionnel, réclamant aux puissants des lois illusoires comme la parité, l’égalité professionnelle, et être dubitatif devant l’application insatisfaisante des lois sur l’avortement ou la contraception.

C’est par la réalisation de la véritable égalité économique et sociale de tous les individus, que pourront régresser les violences machistes.

Ces objectifs ne pourront aboutir que si dans les milieux associatif, syndical, familial et professionnel, nous savons reconnaître et lutter contre toutes les formes d’inégalité.

C’est par la construction de rapports humains, individuels et collectifs, reposant sur le respect de chaque personne, quels que soient sa situation familiale ou matrimoniale et ses choix liés à la sexualité.

Seule la construction d’un rapport de force, s’appuyant sur des pratiques d’autogestion des luttes, d’action directe, de grève générale, de modes d’organisation alternatifs, etc., et non dans les parlements et les tribunaux, qu’une véritable alternative crédible au système capitaliste, patriarcal, religieux et étatique pourra voir le jour.

Pour une véritable égalité sociale et économique entre les individus, luttons contre le patriarcat et le capitalisme !

Fédération anarchiste