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Sardaigne

« Su gazetinu de sa luta kontras a sas presones »

le journal de la lutte contre les prisons
Le jeudi 11 novembre 2004.

Le journal est né du projet d’un ensemble d’individualités anarchistes sardes en référence à l’Arkiviu Bibrioteka (librairie anarchiste) T. Serra (de Tomaso Serra, anarchiste sarde ayant notamment combattu le franquisme en Espagne) avec comme ligne de mire, d’établir un contact direct, continu, avec les classes sociales sardes soumises en particulier à la répression et à l’oppression du pouvoir établi.

Le premier numéro de Su Gazetinu est sorti en février 2001 en tant que bimestriel et s’est maintenu pendant deux années (durant lesquelles différents hors-séries virent également le jour).

Ensuite, avec des tentatives de changements de rédaction de Guasila à Nuoro (petites bourgades de la Sardaigne), il y eut différents problèmes d’ordre organisationnel qui rendirent la périodicité du journal très incertaine pendant quelque temps. Aujour-d’hui, le journal est toujours bimestriel et en est à son seizième numéro. Il comporte seize pages d’un format 19x29. Son tirage moyen, de 700 à 900 exemplaires, peut parfois aller à 2 000. Sa diffusion est assurée essentiellement par des sympathisants du journal, en Italie mais surtout en Sardaigne. Sa rédaction est collégiale, composée de six personnes.

Une centaine de détenus reçoivent le journal dont les informations proviennent des détenus eux-mêmes, mais aussi de leurs familles et de leurs soutiens. Les envois aux détenus ont été revus à la baisse pour des raisons financières, mais aussi parce que les détenus se passent le journal au sein du même établissement.

Ce qui caractérise le journal Su Gazetinu est le fait que les informations et les messages qu’il veut faire passer ne sont pas limités à ce qui arrive au sein du mouvement révolutionnaire en général, et en particulier dans le milieu anarchiste (arrestations, procès, etc.), ou à se montrer solidaires avec les seuls détenus anarchistes, mais plutôt d’approfondir les thématiques relatives à la répression sociale, à la fonction sociale de la prison et de pousser à la lutte pour obtenir non seulement de meilleures conditions de vie dans les prisons, mais aussi permettre la prise de conscience du lien réciproque entre le système pénitentiaire et le système social soi-disant libre.

Les moyens de lutte proposés sont ceux de l’action directe, de l’autogestion des luttes, du refus des compromis si des luttes revendicatives se mettent en place. Le but est toujours d’essayer que, pendant ces moments de lutte insurrectionnelle, grâce aux liens entre le dehors et le dedans, les prisonniers débattent et remettent en cause, en même temps que la prison, tout le système social qui l’a créée.

L’objectif du journal est de donner vie aux comités, associations ou autres structures des amis et parents des détenus. Aujourd’hui, on peut compter sur la collaboration de quelques avocats en Sardaigne et en Italie, qui suivent soit les prisonniers individuellement, soit les actions des comités qui se constituent et qui agissent et fonctionnent le plus souvent de manière informelle, d’où le besoin de Su Gazetinu comme lien entre eux.

Un tel projet ne s’est pas improvisé dans la tête de quelques anarchistes sardes illuminés, mais plonge ses racines dans trente années d’activité sociale et culturelle que l’Arkiviù Bibrioteca a développée, en complète symbiose avec le monde prolétaire et sous-prolétaire sarde, dans l’optique de l’autodétermination des individus et des collectifs.


Pour tout contact, s’adresser au journal, via Buonarroti 2, 08100 Nuoro, Sardaigne, Italie. Courriel : sugazetinu _ caninet.org.

Présentation réalisée par Manolo, FA de Lyon, en relation avec Costantino qui fait partie en Sardaigne de l’Arkiviù Bibrioteca, via Melas 24, 09040 Guasila, CA, Sardaigna.